Le tamoxifène est un anti-œstrogène utilisé dans le traitement de certains cancers comme celui du sein. Ses propriétés anti-inflammatoires et antifibrotiques ont conduit des équipes de recherche à le considérer comme une piste thérapeutique dans la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD). Dans des souris mdx modèle de la DMD, le traitement par tamoxifène a entrainé une amélioration de la force musculaire et une diminution de la fibrose cardiaque.
Une équipe israélienne a également montré qu’un traitement compassionnel de 6 mois avec le tamoxifène chez 3 garçons atteints de DMD améliorait leur état. Cette même équipe vient de publier les résultats d’un essai de phase I terminé qui a évalué le tamoxifène chez des garçons atteints de DMD.
Des capacités fonctionnelles relativement préservées chez certains patients
Dans cet essai qui a démarré fin 2016, 13 garçons âgés de 6 à 14 ans, ambulants, ont été traités avec 20 mg/jour de tamoxifène en comprimés, pendant 3 ans, avec en parallèle une corticothérapie.
Les résultats fonctionnels moteurs et respiratoires de 7 de ces patients, âgés de 7 à 10 ans au moment de l’inclusion et dont les caractéristiques étaient appropriées pour l’analyse statistique, après un an de traitement avec le tamoxifène ont été comparés à des données de patients contrôles externes non traités (même âge, même situation motrice), suivis 12 mois dans une étude d’histoire naturelle. Les résultats montrent :
- une augmentation du score fonctionnel (échelle NSAA) des patients traités de 0,6 point alors que le score moyen des 60 patients contrôles a perdu 4,6 points ;
- une stabilisation du temps pour monter 4 marches chez les patients traités ;
- une augmentation de la distance de marche parcourue en 6 minutes de 22 mètres en moyenne chez les patients traités tandis que cette distance a décliné de 28 mètres chez les patients contrôles, sans pour autant que cette différence soit statistiquement significative ;
- une amélioration de la capacité vitale chez les patients traités, tandis qu’elle a diminué en 1 an chez les patients contrôles, même si cette différence n’est pas statistiquement significative sur la durée de l’essai.
Peu d’effets indésirables
Une gynécomastie a été observée chez 4 garçons parmi les 13 inclus. Aucun autre effet secondaire n’a été observé.
Un traitement qui n’a pas été poursuivi par tous
Parmi les 13 patients inclus dans l’essai, 9 l’ont quitté après un an et demi et 6 ont terminé les 3 ans de traitement, en raison notamment de l’inclusion dans un autre essai, de l’impossibilité de passer le test de 6 minutes de marche à cause de rétractions du tendon d’Achille ou encore d’un départ du pays… L’absence d’amélioration a également conduit deux patients à arrêter l’essai.