Le 21 mars s’est tenue la 2e Journée de l’Exercice Musculaire à l’Institut de Myologie

Organisée par Arnaud Ferry (Centre de Recherche en Myologie, équipe Dystrophie Myotonique, Physiopathologie & Biothérapie) et Damien Bachasson (Laboratoire de Physiologie neuromusculaire), cette journée avait pour but de faire le point sur les connaissances concernant le muscle squelettique et l’exercice dans le contexte de maladies chroniques affectant le muscle de manière directe ou indirecte.

 

En quoi consistent ces journées ?
Arnaud Ferry : En 2017, nous avons organisé la première Journée de l’Exercice Musculaire à l’Université Paris Descartes qui avait alors pour thème le muscle sain. Cette année, à l’Institut de Myologie, nous avons fait le choix d’aborder le muscle malade. Il y a bien sur le muscle atteint par l’une ou l’autre des nombreuses maladies neuromusculaires, mais aussi le muscle du patient affecte d’un cancer, du diabète, de bronchopneumopathie chronique obstructive…
Avec ces journées, notre objectif est de faire le point sur les connaissances du muscle squelettique et l’exercice, notamment sur les effets bénéfiques de l’exercice musculaire sur le muscle malade. C’est une thématique encore trop peu développée et beaucoup pensent encore à tort que l’exercice physique est dommageable pour le muscle dans certaines pathologies. C’est aussi l’occasion d’établir des relations entre les chercheurs, médecins, professionnels de santé… qui assistent à ces conférences. D’ailleurs, cela peut déboucher sur des collaborations ou encore donner des idées à chacun sur ses propres projets.

Damien Bachasson : L’objectif de cette journée était de réunir des chercheurs et des cliniciens de différents horizons et qui partagent des intérêts communs autour de l’exercice et du muscle. L’exercice est un outil formidable pour comprendre la biologie et la physiologie du muscle du niveau moléculaire à l’organisme entier. Par exemple, comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires responsables des adaptations (ou des non adaptations) du muscle à l’exercice peut permettre d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques ou de nouvelles modalités de prise en charge.
L’exercice est aussi un outil diagnostic puissant et lorsqu’il est bien utilisé, il peut être un médicament aux effets potentiels prodigieux. Ainsi, les questions de doses et de modalités sont des questions centrales pour cette grande communauté scientifique et médicale. C’est dans cette esprit que nous avons organisé cette journée qui a rassemblé des biologistes, des physiologistes, des chercheurs cliniciens, et des rééducateurs. Comme j’ai eu l’opportunité de le présenter aux participants de cette 2ème édition, les choix des chercheurs concernant les méthodes pour l’évaluation de la structure et la fonction du muscle sont aussi critiques pour le diagnostic, l’individualisation, et pour l’évaluation des effets de l’exercice mais aussi de thérapies pharmacologiques et géniques. Il existe d’importantes disparités entre différents champs cliniques que ce soit dans l’utilisation de l’exercice comme outil diagnostic que dans l’intégration de l’exercice dans le parcours de soins des patients. Ces journées permettent notamment de mettre en lumière ces différences et de créer des ponts pour faire progresser nos connaissances et améliorer la prise en charge des patients.

Comment celles-ci ont été initiées ?
Arnaud Ferry : Du fait de mon métier, je m’intéresse beaucoup à cette thématique. Il est important de faire passer le message qu’une activité bien maîtrisée et contrôlée est bénéfique pour les muscles qu’ils soient sains ou malades. Lors de ces journées, qui ont lieu une fois par an, des experts de l’exercice musculaire, venant de France et de l’étranger, interviennent mais malheureusement nous n’avons pas suffisamment de temps pour rentrer dans les détails de chaque présentation. C’est pour cela que nous réfléchissons actuellement à organiser des réunions, avec un rythme plus soutenu, afin de développer ces thématiques.
L’autre raison qui nous a poussés à organiser ces journées, c’est aussi le besoin des malades. Nous avons souvent des questions concernant l’activité physique des personnes concernées par des maladies musculaires. Ils ont de réelles attentes et pour beaucoup ils souhaitent avoir une activité physique qui est souvent proscrite par leur médecin. Le but à terme serait de former des spécialistes (kinésithérapeutes, éducateurs en activité physique adaptées…) qui accompagneraient les malades et leur feraient pratiquer des activités physiques parfaitement adaptées à leur pathologie, condition physique et bien sûr leurs appétences.

Damien Bachasson : L’exercice est une thématique phare de la future fondation de Myologie. Cette deuxième journée a donc été organisée à l’Institut de Myologie car elle s’inscrit parfaitement dans notre projet plus vaste « ExMyo » déployé dans la Grande Ambition. Ce dernier vise notamment à étendre les activités de l’Institut de Myologie dans le champ de l’exercice et de la réhabilitation que ce soit au niveau fondamental, préclinique, et clinique.