ENTRY-DM est un réseau doctoral pluridisciplinaire MSCA* visant à développer des thérapies à base d’oligonucléotides et à préparer des essais cliniques dans la dystrophie myotonique, via une formation doctorale poussée. Il réunit 11 laboratoires européens et 18 partenaires internationaux experts dans des disciplines aussi variées que la chimie médicale, la génétique, la multi-omique, la bio-ingénierie ou la neuropsychologie. Entretien avec le coordinateur du projet, Mario Gomes-Pereira, chercheur au laboratoire REDs du Centre de Recherche en Myologie de l’Institut.
Dans quel contexte ce réseau a-t-il été créé ?
Il y a quelques années, lors d’un workshop ENMC, nous nous sommes retrouvés, avec une quinzaine de chercheurs européens, issus de spécialités différentes et travaillant sur la DM1, à discuter de la façon dont nous pourrions renforcer les liens nous unissant, en créant un réseau collaboratif consolidé par un financement européen. Nous avons alors décidé de postuler à cet appel d’offres compétitif, organisé chaque année par la Commission Européenne, et portant sur la formation et la mobilité des doctorant·es.
Concrètement, en quoi consiste ENTRY-DM ?
Ce projet vise à former, de 2025 à 2029, une quinzaine de doctorant·es à la recherche translationnelle dans la DM1, en combinant des compétences fondamentales et cliniques dans plusieurs disciplines, dans les domaines académique, industriel et réglementaire. Son objectif est de faire progresser les thérapies à base d’oligonucléotides pour cette maladie et de préparer les essais cliniques pour les tester.
Dans ce cadre, les étudiant·es seront accueilli·es dans 11 laboratoires pour la durée de leur thèse et complèteront leur formation par deux stages de 3 mois proposés par les tous partenaires associés. Ces stages, pouvant se dérouler dans des institutions académiques ou non académiques, leur offriront une formation complémentaire dans des secteurs variés, favorisant l’acquisition de compétences interdisciplinaires et intersectorielles, et les préparant ainsi au marché du travail dans des environnements professionnels diversifiés. Les partenaires peuvent intervenir lors de workshops ou de séminaires (sur la propriété intellectuelle, la règlementation des essais cliniques , etc.), ou accueillir les doctorant·es pour des stages de 3 mois.
A l’Institut, Jean-Yves Hogrel accueillera dans son laboratoire d’exploration et d’évaluation musculaire un étudiant venant de l’Espagne pour 3 mois. A la fin de leur thèse, les étudiant·es, qui devront avoir réfléchi à leur plan de carrière, pourront intégrer un laboratoire académique, industriel ou pharmaceutique, ou encore une agence réglementaire.
A quels niveaux l’Institut de Myologie est-il impliqué ?
Au niveau administratif, je suis coordinateur du réseau et donc responsable de la coordination scientifique du projet. Mais je vais également encadrer dans mon équipe REDs 2 étudiant·es, avec Geneviève Gourdon et Denis Furling qui travailleront sur l’identification des biomarqueurs circulants des pathologies musculaire et cérébrale de la DM1. Ces biomarqueurs joueront un rôle clé dans le suivi de la progression de la maladie et l’évaluation de l’efficacité des interventions thérapeutiques. Nathalie Angeard qui est co-responsable de l’équipe Psychologie et Neuropsychologie accueillera 1 étudiant·e, qui travaillera sur la prise de décision des malades DM1, leur motivation à participer à un essai clinique.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous allons lancer au niveau européen (notamment par le portail Euraxess) le recrutement des doctorant·es dès mars 2025 pour démarrer les thèses en septembre 2025. Les 36 mois suivants seront régulièrement jalonnés de meetings réunissants tous les participants et de workshops de taille plus réduite afin de favoriser les échanges directs entre les jeunes chercheurs, pour que leurs projets se nourrissent mutuellement. Et que nous remplissions l’objectif initial de ce réseau unique : favoriser les synergies à travers l’Europe et faire en sorte qu’il soit à l’origine d’innovations biomédicales permettant d’améliorer les soins aux patients grâce à de futures collaborations.
_______________
* Interdisciplinary doctoral training on oligonucleotide-based therapies for myotonic dystrophy – MARIE SKŁODOWSKA-CURIE ACTIONS (MSCA) Doctoral Networks (DN).
** Il s’agit de l’Espagne, des Pays-Bas, de l’Italie, de l’Allemagne, de la Pologne et de la France, où trois laboratoires sont impliqués : Nathalie Angeard de l’équipe Psychologie et Neuropsychologie de l’Institut de Myologie, Mario Gomes-Pereira et l’équipe REDs du Centre de Recherche en Myologie de l’Institut de Myologie, et Cécile Martinat de I-STEM.