Pierre Klein lauréat de la prestigieuse bourse MSCA pour son projet post-doctoral

Pierre Klein est actuellement post-doctorant senior dans l’équipe Repeat expansions & Myotonic Dystrophy (REDs) dirigée par Denis Furling. Il est lauréat d’une de la très renommée bourse MSCA de la Commission Européenne pour son projet EpiDM: « Uncovering the role of the m6A epitranscriptome in Myotonic Dystrophy Type 1 (DM1) ». Entretien avec Pierre Klein.

Quels est votre parcours ?

J’ai fait ma thèse dans l’équipe de Vincent Mouly et Capucine Trollet* au Centre de Recherche en Myologie de l’Institut il y a quelques années. Par la suite, je suis parti aux États-Unis, puis à Londres, afin de me spécialiser dans l’étude de la méthylation de l’ARN, un nouveau champ de recherche de la régulation génique, qui émergeait à la fin des années 2010. Lorsque j’étais à Londres, j’ai développé un projet de recherche entre UCL et le Crick Institute, portant cette fois-ci sur l’étude de la méthylation de l’ARN dans la neurogénèse humaine. Je suis revenu au Centre de Recherche en Myologie de l‘Institut il y a quelques mois pour appliquer ces nouvelles connaissances et techniques de pointe sur le muscle squelettique.

Pouvez-vous préciser votre sujet de recherche ?

L’idée du projet est d’étudier la méthylation m6A, une modification chimique de l’ARN. Ce phénomène est essentiel et intervient dans des processus fondamental de la cellule, en particulier dans la régulation des ARN, leur maturation, stabilisation et dégradation. On sait maintenant qu’elle est impliquée dans de nombreuses pathologies telles que le cancer et les maladies neurologiques, mais il y a très peu de recherche sur le rôle de la méthylation de l’ARN dans le muscle.

L’idée est également de voir son rôle dans les pathologies, en particulier la maladie de Steinert (DM1) qui est intéressante parce que, si l’on sait que des défauts dans l’ARN sont responsables de la DM1, aucune étude n’a été menée pour savoir si la m6A intervient. Après ré-analyse des données de la littérature scientifique, nous avons de fortes raisons de penser qu’il y a potentiellement des changements de méthylation au niveau de l’ARN. Nous ne disons pas que c’est la cause principale (ces maladies sont très complexes), mais que c’est un aspect qu’il faut déchiffrer. Regarder les changements de cette méthylation nous aidera à mieux comprendre la maladie, et à développer des thérapies plus efficaces. Et cela ouvrira un champ de recherche sur toutes les maladies du muscle.

Que va vous apporter la bourse ?

Je suis très fier à titre personnel parce que cela reconnait mon expérience CV et mon projet de recherche comme ayant du potentiel : l’Europe nous fait confiance, il n’y a pas de raison pour que d’autres financeurs ne le fassent pas, ce qui est encourageant pour les futurs projets que nous proposerons. Je veux me spécialiser dans l’étude des modifications chimiques de l’ARN dans le muscle et porter des projets au sein de l’Institut. Par ailleurs, cela assure le salaire et une partie de fonctionnement du projet pendant deux ans, ce qui nous permet de pouvoir démarrer le sujet. Je suis également fier pour l’Institut parce qu’avoir obtenu cette bourse MSCA contribue à son rayonnement et à la reconnaissance de son niveau d’excellence scientifique.

 

* Équipe Orchestration cellulaire & moléculaire en régénération musculaire, pendant le vieillissement et en pathologies