Etude transversale de la fatigue neuromusculaire dans la myasthénie auto-immune – Entretien avec Simone Birnbaum

Simone Birnbaum, chercheuse au Laboratoire de physiologie et d’évaluation neuromusculaire dirigé par Jean-Yves Hogrel (CEEN, Institut de Myologie) vient de publier un article évaluant la fatigue neuromusculaire chez les personnes atteintes de myasthénie auto-immune dans la revue Neurophysiologie Clinique. Entretien avec Simone Birnbaum.

Quel était l’objectif de cette l’étude ?

La myasthénie auto-immune (MG) est une maladie rare qui se manifeste par une fatigabilité et une faiblesse musculaire fluctuante, d’intensité et de durée variable, pouvant toucher n’importe quel muscle volontaire. 

Dans cette étude transversale, l’objectif était d’abord d’étudier la présence d’une fatigue neuromusculaire (FNM) accrue chez des personnes atteintes de MG, par rapport à des témoins sains. Nous avions également pour objectif d’évaluer chez ces patients les associations entre la FMN, la force et la perception de la qualité de vie liée à la santé (QVLS), et la gravité des symptômes liés à la MG.

Comment avez-vous procédé et quels résultats avez-vous obtenus ?

Nous avons inclus 41 femmes atteintes de MG et 18 femmes témoins du même âge chez qui nous avons évalué à la fois la FNM à l’aide d’indicateurs myoélectriques classiques pendant une contraction isométrique soutenue sous-maximale de deux groupes musculaires, le déclin post-effort de la force maximale après une tâche fatigante, et les relations avec les scores cliniques spécifiques à la MG. Nos résultats montrent que les personnes atteintes de MG présentent une réduction de la force au niveau des deux groupes musculaires par rapport aux sujets témoins et qu’elles ne démontrent pas une plus grande FNM, ni sur la base de ces indicateurs myoélectriques ni sur la base de la diminution de la force après l’effort.

Quelles conclusions pouvez-vous en tirer ?

Nous en concluons que, dans ce contexte expérimental spécifique au sein de cette cohorte composée de femmes souffrant d’une MG légère à modérément sévère, bien contrôlée et stable, les personnes atteintes de MG ne montrent pas une plus grande FNM malgré une faiblesse musculaire avérée. D’autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats, notamment pour identifier des méthodes simples et fiables de mesure de la FNM dans la MG et pour comprendre la relation entre la FNM et la fatigue perçue dans les activités de la vie quotidienne par les personnes atteintes de MG.

 

Birnbaum S, Sharshar T, Ropers J, Portero P, Hogrel JY. Neuromuscular fatigue in autoimmune myasthenia gravis: A cross-sectional study. Neurophysiol Clin. 2023 Feb 22;53(4):102844. doi: 10.1016/j.neucli.2023.102844. Epub ahead of print. PMID: 36827843.