L’efgartigimod passe le cap de la phase III et de l’accès précoce dans la myasthénie auto-immune

Pathologie de la jonction neuromusculaire, la myasthénie auto-immune bénéficie d’une recherche thérapeutique relativement intense pour une maladie rare avec plus de 60 essais cliniques en cours ou en préparation enregistrés sur le site ClinicalTrials début février 2023.

Parmi les pistes thérapeutiques à l’étude figurent la famille prometteuse des anticorps dirigés contre les récepteurs Fc néonataux (FcRN) : l’efgartigimod, le rozanolixizumab, le nipocalimab, le batoclimab, l’ALXN1830… Les FcRN augmentent le recyclage de l’albumine sérique, mais aussi des immunoglobulines G (IgG) dont font partie les auto-anticorps décelés chez près de 85% des patients atteints de myasthénie (anti-RACh le plus souvent, anti-MUSK…) et qui exercent un effet pathogène. Les anti-FcRN se lient à ces récepteurs et ce faisant favorisent la réduction des taux circulants d’IgG.

Efficace et bien toléré

Mené dans une quinzaine de pays dont la France, l’essai de phase III randomisé contre placebo ADAPT a évalué l’efgartigmod chez 167 patients atteints de myasthénie, dont 6 avec auto-anticorps anti-MuSK et 32 séronégatifs (ni anti-RACh ni anti-MuSK). Après l’annonce de résultats préliminaires encourageants en mai 2020, les résultats définitifs d’ADAPT sont parus en juillet 2021 et ils montrent :

  • une probable sélectivité de l’efgartigimod, lequel entraine une réduction des taux sériques d’IGg mais n’a pas d’effet sur le taux d’albumine ou des autres Ig;
  • l’atteinte du critère principal de l’essai puisque 68% des patients anti-RACh+ bénéficient d’une amélioration significative (≥ 2 points) et durable (≥ 4 semaines) du score MG-ADL après le premier cycle de traitement (une perfusion hebdomadaire pendant quatre semaines), versus 30% dans le groupe placebo ; tous statuts d’auto-anticorps confondus, 68% participants sous efgartigimod sont également répondeurs au regard du score MG-ADL en fin du premier cycle de traitement, versus 37% sous placebo ;
  • un retour à la normale des taux d’IgG en semaine 12 alors même qu’un tiers des participants anti-RACh+ répondeurs au regard du score MG-ADL continuent de bénéficier d’une amélioration clinique significative ;
  • des effets secondaires rapportés par 77% des participants sous efgartigimod et 84% de ceux sous placebo, et graves dans respectivement 5% et 8% des cas ; les plus fréquents sont d’intensité faible à modéré à l’instar des maux de tête (29% pour l’efgartigimod vs 28% pour le placebo) et des rhinopharyngites (12% vs 18%).

L’efgartigimod (Vyvgart®) a obtenu en août 2022 une autorisation de mise sur le marché, avec autorisation d’accès précoce en association au traitement standard, chez les adultes atteints de myasthénie généralisée avec auto-anticorps anti-RACh réfractaire. Depuis, les résultats d’une étude ancillaire sont parus, qui montrent une amélioration significative, précoce et durable de la qualité de vie sous efgartigimod versus placebo.

 

Safety, efficacy, and tolerability of efgartigimod in patients with generalised myasthenia gravis (ADAPT): a multicentre, randomised, placebo-controlled, phase 3 trial. Howard JF Jr, Bril V, Vu T et al. Lancet Neurol. 2021 Jul;20(7):526-536.

 

Efgartigimod improved health-related quality of life in generalized myasthenia gravis: results from a randomized, double-blind, placebo-controlled, phase 3 study (ADAPT). Saccà F, Barnett C, Vu T et al. J Neurol. 2023 Jan 4.

 

Voir aussi « Myasthénie auto-immune : l’efgartigimod transforme l’essai »