L’analyse d’images numériques à haut débit révèle des modes distincts d’expression de la dystrophine chez les patients atteints de dystrophinopathie

La myopathie de Duchenne (DMD) est la maladie neuromusculaire la plus fréquente chez le garçon tandis que la myopathie de Becker (BMD) une variante allélique moins grave et moins évolutive, est beaucoup plus rare. Toutes deux sont des maladies récessives liées au chromosome X avec dans un cas une absence complète de dystrophine (DMD) et dans l’autre un déficit partiel de celle-ci (BMD). Toutes deux sont liées à des anomalies du gène DMD qui code la dystrophine, une protéine dont la quantité est en étroite relation avec la sévérité du phénotype. 

Au cours de la dernière décennie, plusieurs médicaments de type oligonucléotides antisens ont été développés pour induire la synthèse d’une dystrophine partiellement fonctionnelle à délétion interne, similaire à celle produite dans la DMB, et qui améliore le cours de la maladie. Le mode d’expression et la fonctionnalité de la dystrophine chez les patients atteints de dystrophinopathie varie suivant plusieurs facteurs, tels que sa fonctionnalité moléculaire de la dystrophine et sa distribution. Pour évaluer le succès d’une intervention thérapeutique, il est essentiel de bien comprendre les différents modes d’expression de la dystrophine chez ces patients. Récemment, plusieurs groupes ont utilisé des techniques innovantes pour quantifier la dystrophine dans les biopsies musculaires des enfants mais pas chez les patients avec une DMB plus légère. 

Dans cette étude, une équipe de scientifiques européens impliquant des chercheurs et des cliniciens de l’Institut de Myologie se sont penchés sur l’expression de la dystrophine en utilisant à la fois le transfert en Western blot et une plate-forme d’analyse d’images automatisée à haut débit sur les biopsies de muscles squelettiques issues de patients DMD, BMD et intermédiaires DMD/BMD.

Les résultats montrent une corrélation significative entre le Western blot et la quantification par immunofluorescence, indiquant la cohérence entre les différentes méthodologies. Ils ont cependant identifié une hétérogénéité inter- et intra-maladie significative des modes d’expression de la dystrophine, quelle que soit la quantité détectée sur le transfert, en raison de la variabilité de l’intensité de la fluorescence et de la couverture de la circonférence sarcolemmale de la dystrophine. 

Ces résultats mettent en évidence l’hétérogénéité du mode d’expression de la dystrophine dans la DMB, ce qui aidera à évaluer les thérapies de restauration de la dystrophine. 

 

Torelli S, Scaglioni D, Sardone V, Ellis MJ, Domingos J, Jones A, Feng L, Chambers D, Eastwood DM, Leturcq F, Yaou RB, Urtizberea A, Sabouraud P, Barnerias C, Stojkovic T, Ricci E, Beuvin M, Bonne G, Sewry CA, Willis T, Kulshrestha R, Tasca G, Phadke R, Morgan JE, Muntoni F. High-Throughput Digital Image Analysis Reveals Distinct Patterns of Dystrophin Expression in Dystrophinopathy Patients. J Neuropathol Exp Neurol. 2021 Sep 8:nlab088. doi: 10.1093/jnen/nlab088. Epub ahead of print. PMID: 34498054.