Myosite à inclusions et sirolimus : les résultats définitifs de l’essai Rapami ouvrent la voie à une phase III

La myosite à inclusions sporadique associe processus inflammatoire et dégénérescence musculaire. C’est la plus fréquente des myosites après l’âge de 50 ans, mais aussi la seule qui soit réfractaire aux traitements habituels de ces maladies auto-immunes (corticoïdes, immunosuppresseurs). 

L’équipe du Pr Olivier Benveniste a mené entre 2015 et 2017, avec le soutien financier de l’AFM-Téléthon, un essai clinique monocentrique de phase II/III randomisé, en double aveugle, nommé Rapami. Son objectif était d’évaluer chez 44 participants âgés de 45 à 80 ans, l’efficacité, la sécurité et la tolérance du sirolimus ou rapamycine (Rapamune®) à la dose de 2 mg / jour, versus placebo, durant un an. 

Cette molécule indiquée dans la prévention du rejet après greffe rénale, possède une action immunosuppressive sélective. Elle bloque la prolifération des lymphocytes T effecteurs (tout en préservant les T régulateurs) et induit une autophagie, autant de processus altérés dans la myosite à inclusions. 

 

Une tendance à la stabilisation 

Après avoir communiqué des données préliminaires fin 2017, les investigateurs ont publié en janvier 2021 dans The Lancet Rheumatology les résultats définitifs de l’essai Rapami, lesquels objectivent après un an de traitement : 

  • des différences significatives pour l’évolution des résultats du test de 6 minutes de marche, de la capacité vitale, de la fraction graisseuse au niveau des cuisses (IRM) et du score HAQ-DI (Health Assessment Questionnaire without Disability Index), avec une tendance à la stabilisation sous sirolimus versus une dégradation sous placebo ;
  • un déclin sous sirolimus de sous-populations des cellules T effectrices CD8+ et CD38+, corrélé aux effets positifs sur les résultats au test de 6 mn de marche ;
  • des résultats similaires dans les groupes sirolimus et placebo pour la force d’extension isométrique volontaire maximale du genou (critère principal de l’essai) ainsi que pour la force des autres groupes musculaires évalués (flexion et extension du coude, flexion du genou, préhension), la dysphagie, les scores IBMWCI et IBMFRS ;
  • la survenue d’effets indésirables sérieux chez 45% des patients sous sirolimus versus 27% de ceux sous placebo ;
  • un arrêt du traitement pour 18% des participants du groupe sirolimus (n =4) en raison d’effets secondaires (ulcérations buccales sévères, pneumonie aseptique, insuffisance rénale, œdème des membres inférieurs).

 

À confirmer en multicentrique 

Pour les investigateurs, les bénéfices du sirolimus sur le test de 6 mn de marche pourraient s’expliquer par des effets davantage respiratoires et métaboliques que musculaires. Ils sont suffisants pour justifier le lancement d’un essai de phase III de grande ampleur, qui devrait durer deux ans et inclure 200 participants au Royaume-Uni, en Australie, aux Pays-Bas et aux États-Unis.

 

Sirolimus for treatment of patients with inclusion body myositis: a randomised, double-blind, placebo-controlled, proof-of-concept, phase 2b trial. Olivier Benveniste, Jean-Yves Hogrel, Lisa Belin, Mélanie Annoussamy, Damien Bachasson, Aude Rigolet, Pascal Laforet, Gaëlle Dzangué-Tchoupou, Joe-Elie Salem, Lee S Nguyen, Tanya Stojkovic, Noel Zahr, Baptiste Hervier, Océane Landon-Cardinal, Anthony Behin, Edith Guilloux, Harmen Reyngoudt, Damien Amelin, Akinori Uruha, Kuberaka Mariampillai, Benjamin Marty, Bruno Eymard, Jean-Sébastien Hulot, Steven A Greenberg, Pierre G Carlier, Yves Allenbach. The Lancet Rheumatology January 2021