Le muscle n’est pas une cible passive dans la myasthénie autoimmune

La myasthénie auto-immune (MG) est une maladie neuromusculaire essentiellement due au développement d’anticorps pathogènes (Ab) dirigés contre le récepteur de l’acétylcholine (AChR) au niveau de la jonction neuromusculaire (NMJ). Les mécanismes étiologiques ne sont pas totalement élucidés, mais ils comprennent une combinaison de prédisposition génétique, d’événement(s) déclencheur(s) et de composantes hormonales.

La MG est associée à une régulation immunitaire défectueuse, une activation cellulaire chronique, une inflammation et un thymus souvent anormal. La MG est caractérisée par une fatigabilité musculaire très invalidante qui peut mettre la vie en danger lorsque les muscles respiratoires sont affectés. Actuellement, la MG ne se guérit pas et les traitements symptomatiques avec les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et les immunosuppresseurs constituent des traitements médicamenteux à vie qui sont associés à des effets secondaires graves (en particulier les glucocorticoïdes).

Bien que le muscle soit la cible ultime de l’attaque auto-immune, sa place et son rôle ne sont pas décrits en détail, et cette revue, réalisée par l’équipe  « Myasthenia Gravis: étiologie, physiopathologie & approche thérapeutique » du Centre de recherche en Myologie, dirigée par Rozen LePanse, se concentre sur la cascade de mécanismes physiopathologiques qui ont lieu au niveau de la NMJ et ses conséquences sur la biologie, la fonction et la régénération musculaires chez les patients myasthéniques, aux niveaux histologique, cellulaire et moléculaire. La structure fine de la fente synaptique est endommagée par la liaison Ab qui est couplée à une lyse focale dépendant du complément dans le cas de la MG avec des anticorps anti-AChR. Les réactions cellulaires et moléculaires qui ont lieu dans le muscle impliquent plusieurs types de cellules ainsi que des facteurs solubles.

Enfin, les capacités de régénération du tissu musculaire MG peuvent être altérées. Dans l’ensemble, les études rapportées dans cette revue démontrent que le muscle n’est pas une cible passive du MG, mais qu’il interagit dynamiquement avec son environnement de plusieurs façons, activant des mécanismes de compensation qui limitent les mécanismes pathogènes des auto-anticorps.

 

The Muscle Is Not a Passive Target in Myasthenia Gravis. Vilquin JT, Bayer AC, Le Panse R, Berrih-Aknin S. Front Neurol. 2019 Dec 19;10:1343. doi: 10.3389/fneur.2019.01343. eCollection 2019. Review.