Une grande cohorte italienne confirme la complexité d’interprétation des génotypes FSH limites

La dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (FSH ou FSHD) touche 4,5 pour 100 000 en Europe. Elle se manifeste typiquement par une faiblesse musculaire de répartition particulière puisqu’elle affecte les muscles du visage et de la ceinture scapulaire. 

Sa forme la plus fréquente, la FSH de type 1, résulte de la contraction des unités répétées D4Z4 dans la région 4qA d’un chromosome 4. Le diagnostic s’appuie sur les analyses moléculaires : le nombre de répétitions D4Z4 est de 1 à 10 dans la FSH1, contre 11 à 100 habituellement. Un nombre de 9 à 10 répétitions correspond à une situation « limite » (borderline pour les auteurs anglo-saxons), dans laquelle le diagnostic et le conseil génétique peuvent s’avérer complexes en raison d’une grande variabilité d’expression : phénotype normal, FSH typique ou non, autre myopathie. 

 

Une pénétrance faible et des tableaux très divers

Une équipe a mené une nouvelle étude de corrélation génotype – phénotype sur cette population « limite » à partir du registre national italien consacré à la FSH et en utilisant l’outil d’évaluation clinique CCEF (pour Comprehensive Clinical Evaluation Form). Ce travail a porté sur 244 patients, dont 134 cas index et 110 apparentés d’au moins un patient FSH. Publiés en décembre 2020, ses résultats montrent que : 

  • 54,5% seulement des cas index présentent un phénotype classique de FSH, 20,1% un phénotype incomplet, 6,7% des signes mineurs (décollement des omoplates…), et 18,7% un tableau atypique (faiblesse de la ceinture pelvienne, atteinte axiale isolée…) observable dans de nombreuses autres myopathies d’origine génétique ; 
  • 70,9% des apparentés n’ont pas d’atteinte motrice, 10% ont un phénotype typique de FSH, 13,6% une forme incomplète de la maladie (scapulaire ou faciale) et 5,5% un phénotype myopathique non compatible avec une FSH ;
  • la pénétrance de la maladie atteint 40% en moyenne dans les 12 familles qui comptent au moins 4 porteurs de 9-10 D4Z4, un chiffre comparable à celui d’une étude antérieure menée en France et en Suisse.

Les auteurs en appellent à considérer l’existence de 9-10 répétitions D4Z4 davantage comme un facteur de susceptibilité génétique que comme un marqueur diagnostique de la FSH. 

 

Large genotype-phenotype study in carriers of D4Z4 borderline alleles provides guidance for facioscapulohumeral muscular dystrophy diagnosis. Ricci G, Mele F, Govi M et al. Sci Rep. 2020 Dec 10;10(1):21648