Hommage à Michel Fardeau, pionnier de la myologie 

Michel Fardeau nous a quitté le 6 décembre dernier à 95 ans.

Médecin-chercheur, il a d’abord été Chef de clinique aux Hôpitaux de Paris avant de collaborer à la fin des années 60 avec le National Institutes for Health (NIH) de Bethesda, aux Etats-Unis, avec son homologue américain King W Engel avec lequel il a dressé les bases de l’exploration histologique neuromusculaire par microscopie électronique.

Il crée ensuite son laboratoire de microscopie électronique à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui deviendra une équipe de recherche du CNRS en 1971, puis une unité de recherche Inserm de 1976 à 1998. Ce sera la pierre fondatrice de l’Institut de Myologie, créé par l’AFM en 1996, et qu’il dirigera dès sa création, en tant que Directeur Médical et Scientifique, pour de nombreuses années.

 

L’objectif de cet Institut est, dès sa création, de coordonner, autour du malade, la prise en charge médicale, la recherche fondamentale, la recherche appliquée, la recherche clinique et l’enseignement.

Outre la consultation, qui poursuit son action, la voie de l’enseignement est créée avec la première leçon de myologie qui sera donnée par le Pr. Michel Fardeau en ouverture du Diplôme universitaire de pathologie neuromusculaire en 1996.

Côté recherche, l’unité Inserm U153 s’installe à l’institut de Myologie et, dès 1998, l’institut créé la 1ère Ecole d’été de myologie destinée à enseigner la myologie à des étudiants et des médecins venus du monde entier.

Michel Fardeau a dédié sa vie à l’analyse clinique et morphologique et au traitement de dizaines de maladies neuromusculaires, en particulier des myopathies congénitales, des cardiomyopathies, des myopathies sévères de l’enfant, des dystrophies musculaires congénitales ou des dystrophies musculaires des ceintures. La détection et la thérapeutique de ces maladies génétiques doivent pour beaucoup à ses travaux de défricheur.

Il jouera un rôle pionnier dans plusieurs premières mondiales en greffe cellulaire et en thérapie génique. Il a été la main experte qui, pour la première fois au monde, au début des années 2000, administrait un gène-médicament chez des malades atteints de myopathie de Duchenne, si chère à son cœur.

Il y a quelques semaines encore, il écrivait sa joie d’être encore là pour voir les progrès spectaculaires réalisés depuis dans ce domaine. 

Son rôle pionnier et son immense expertise lui ont valu de présider de nombreux Conseils Scientifiques universitaires, en France et à l’étranger. Il a été Membre du Comité Consultatif National d’Éthique (1986-1990) puis Président du Comité d’Éthique en Recherche Médicale et en Santé (2000-2003). Il présidera aussi le tout premier conseil scientifique de l’AFM de 1982 à 1986. Les sociétés savantes et les Académies des Sciences américaines et françaises lui étaient ouvertes et les nombreuses récompenses et décorations témoignent de la reconnaissance qui lui est due.

« Michel Fardeau avait une vision claire et précise des besoins des malades tant en termes de soins que de recherche. C’est une des dimensions qu’il donnait à la myologie dont il promouvait la reconnaissance comme discipline médicale et scientifique. Il en avait une conception large et ouverte à l’international, une conception partagée par ses nombreux collègues dans le monde dont beaucoup admiraient son travail. » souligne Bertrand Fontaine, Directeur Médical et Scientifique de l’Institut de Myologie.