Les cavéolinopathies représentent un petit groupe de maladies neuromusculaires en rapport avec le dysfonctionnement d’une famille de protéines situées dans des anfractuosités de la membrane musculaire. La cavéolinopathie la plus fréquente est due à un déficit en cavéoline-3 et se traduit par une dystrophie musculaire autosomique dominante et à un phénomène, très particulier, de rippling (ondulations musculaires à la contraction ou la percussion du muscle). Les présentations cliniques englobent la myopathie proximale, la myopathie distale ou un taux élevé et persistant de créatine kinase (CK), avec des phénotypes qui se chevauchent largement.
Une étude française à laquelle ont collaboré plusieurs chercheurs et cliniciens de l’institut a analysé les données de 23 patients présentant des mutations symptomatiques du CAV3, issus de 16 familles différentes. Ils ont été inclus dans une cohorte rétrospective. La durée moyenne du suivi était de 24,2 ± 15,0 ans.
Les données cliniques et fonctionnelles recueillies au cours du suivi montrent que :
- l’intolérance à l’effort est le phénotype le plus fréquent (52 %),
- 80% des patients présentent une hypertrophie du mollet,
- 65 % des patients présentaient une ondulation,
- un patient a présenté initialement une camptocormie,
- une aide à la marche n’a été nécessaire que chez deux patients.
En outre, les résultats de l’imagerie musculaire, de l’électroneuromyographie, de l’histopathologie musculaire, de l’immunohistochimie et de l’analyse Western blot de la cavéoline-3 compilés montrent que :
- l’électroneuromyographie était généralement normale,
- le taux de CK était élevé chez tous les patients,
- aucun patient ne présentait de troubles cardiaques ou respiratoires,
- l’imagerie musculaire a montré un remplacement graisseux de nombreux muscles surtout du semi-membraneux, du semi-tendineux, du rectus femoris, du biceps brachial et des muscles spinaux.
- Les fibres musculaires apparaissaient presque toujours morphologiquement anormales (87 %) sur la biopsie, mais sans lésion spécifique.
- L’immunohistochimie de la cavéoline-3 sur la biopsie ne révélait pas d’anomalie chez ¼ des patients alors que les Western blots retrouvaient systématiquement une quantité réduite de la protéine.
- Nous rapportons neuf mutations, dont quatre n’ont pas été décrites précédemment.
- Aucune corrélation phénotype-génotype n’a été mise en évidence.
Les auteurs concluent que la cavéolinopathie se présente sous diverses formes cliniques, histologiques et d’imagerie musculaire, mais n’a souvent qu’un impact fonctionnel limité. Ils attirent l’attention sur le fait que les formes légères de la maladie, un phénotype atypique et un immunomarquage normal de la cavéoline-3 sont des pièges qui conduisent à des erreurs de diagnostic.