La première étude prospective du tofacitinib dans la dermatomyosite réfractaire affiche des résultats encourageants

La dermatomyosite est une pathologie auto-immune inflammatoire qui touche la peau et les muscles, avec vasculopathie. À l’instar d’une interféronopathie d’origine génétique, elle s’accompagne d’une surexpression de gènes dépendant de l’interféron de type 1, lequel active la voie de signalisation janus kinases – signal transducers and activators of transcription (JAK-STAT). En 2018, des chercheurs de l’Institut de myologie avaient contribué à démontrer in vitro et in vivo l’intérêt d’un inhibiteur de janus kinases (le ruxolinitib) dans la dermatomyosite réfractaire.

 

Un nombre croissant d’arguments favorables aux JAKi

Cette piste thérapeutique a fait l’objet depuis de plusieurs publications de petites séries et de rapports de cas. En novembre 2020, une équipe japonaise a ainsi rapporté le succès d’un autre inhibiteur de janus kinases (JAKi), le tofacitinib (Xeljanz®), chez un homme atteint de dermatomyosite avec pneumopathie interstitielle, réfractaire à un triple traitement immunosuppresseur.

Un mois plus tard, une équipe de la Johns Hopkins University (États-Unis) publiait les résultats de l’étude pilote STIR pour Study of Tofacitinib In Refractory dermatomyositis. Cet essai clinique de phase I (NCT03002649) monocentrique a inclus 10 adultes âgés de 35 à 56 ans et atteints, depuis 6,5 ans en moyenne, de dermatomyosite à prédominance cutanée. Après une période de washout des immunosuppresseurs et immunomodulateurs, 12 semaines de traitement par 11 mg/jour de tofacitinib ont entrainé :

  • une amélioration significative selon les critères de l’IMACS (International Myositis Assessment and Clinical Studies Group) chez 100% des participants ; c’était le critère principal de l’essai ;
  • une amélioration significative de l’index de sévérité cutanée CDASI (Cutaneous Dermatomyositis Disease Area and Severity Index) chez les 10 participants également ;
  • une variation significative de la concentration sérique des chimiokines 9 et 10 (CXCL 9/10) chez tous les participants ;
  • une  réduction marquée du signal STAT1 chez 3 des 9 participants à avoir eu une biopsie de peau.

 

Pour les auteurs, ces résultats traduisent la « forte efficacité clinique » du tofacitinib dans la dermatomyosite réfractaire. Ils se sont confirmés lors de la phase d’extension de cet essai, qui a concerné 7 des 10 participants pendant près de deux ans.

 

Un autre JAKi, le baricitinib, devrait bientôt être évalué dans la dermatomyosite par deux essais cliniques, l’un en France (NCT04972760 ou BIRD) et l’autre au Royaume-Uni (NCT04208464 ou MYOJAK).

 

A Case of Refractory Interstitial Lung Disease in Anti-MDA5-Positive Dermatomyositis That Improved After Switching to Tofacitinib. Hosokawa Y, Oiwa H. J Clin Rheumatol. 2020 Nov 24.

 

Study of Tofacitinib In Refractory Dermatomyositis (STIR): An open label pilot study of 10 patients Paik JJ, Casciola-Rosen L, Shin JY et al. Arthritis Rheumatol. 2020 Dec 1.

 

Long Term Extension Study of Tofacitinib in Refractory Dermatomyositis. Paik JJ, Shneyderman M, Gutierrez-Alamillo L et al. Arthritis Rheumatol. 2021 Aug 9.