Une étude allemande précise le risque et les contre-indications des médicaments à visée cardio-vasculaire dans la myasthénie auto-immune

La myasthénie auto-immune provient d’un dérèglement du système immunitaire entrainant la production d’auto-anticorps dirigés contre un des éléments constitutifs de la jonction neuromusculaire. Caractérisée par un caractère fluctuant du déficit musculaire qui en découle et par la présence d’un bloc synaptique à l’électromyogramme, cette maladie neuromusculaire non héréditaire peut être aggravée, de manière significative, par certains médicaments dont certains sont largement prescrits en pratique cardiologique (betabloquants, anti-calciques, anti-arythmiques, notamment).

Dans un article publié en juin 2021, une équipe de cliniciens allemands a tenté, à partir des données de pharmacovigilance mis à disposition par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de préciser la fréquence des effets indésirables déclarés dans l’évolution d’une myasthénie et leur imputabilité à telle ou telle drogue.

Globalement, les accidents liés à ces médicaments à visée cardio-vasculaire sont plus rares que ceux en rapport avec les antibiotiques ou les neuroleptiques. Les auteurs ont identifié la tizanidine, les alpha-bloquants, les béta-bloquants et les anti-calciques comme dangereux alors que le risque encouru est moindre avec le salbutamol, les inhibiteurs du récepteur à l’angiotensine, les anti-coagulants oraux et les héparines. Cet article illustre, une fois de plus, l’intérêt de l’analyse des big data, et permet d’établir des contre-indications médicamenteuses plus précises pour les patients myasthéniques.

 

The risk of worsening of myasthenia by cardiovascular medication as reflected by reporting frequency. Peter Trillenberg , Alexander Katalinic , Julia Thern , Tobias Graf. Eur J Neurol. 2021 Sep;28(9):2965-2970