Les statines hydrophiles aussi toxiques pour le muscle que les lipophiles

Le risque iatrogène musculaire (myalgies, myosite, rhabdomyolyse) lié aux statines est connu de longue date. Dans différents essais cliniques, 1,5 à 5% des patients ont présenté ce type d’effets indésirables durant un traitement par statines. En vie réelle, ils sont jusqu’à 10-15%. Cette myotoxicité semble être dose-dépendante et varier selon les molécules. Les statines hydrophiles (rosuvastatine et pravastatine) pourraient être moins myotoxiques que les lipophiles (comme la simvastatine ou l’atorvastatine) en raison d’une moindre diffusion passive dans les cellules musculaires.

Cette hypothèse a été démentie par une étude observationnelle menée à partir d’un registre national britannique (United Kingdom-based Clinical Practice Research Datalink GOLD) riche des données anonymisées de plus de 15 millions de patients. Publiés en mars 2021, ses résultats montrent que le risque relatif d’effet iatrogène musculaire dans l’année qui suit le début de traitement par différentes statines, à posologie équivalente, n’est pas systématiquement plus faible avec les molécules hydrophiles puisqu’il atteint :

  • 0,86 pour les patients sous pravastatine (hydrophile) comparés à ceux traités par simvastatine (lipophile),
  • 1,17 sous rosuvastatine (hydrophile) versus atorvastatine 10-80 mg (lipophile),
  • 1,33 sous simvastatine (lipophile) vs atorvastatine (lipophile).

Les effets musculaires déclarés sont des myalgies dans 98% des cas.

 

The risk of muscular events among new users of hydrophilic and lipophilic statins: an observational cohort study. Mueller AM, Liakoni E, Schneider C et al. J Gen Intern Med. 2021 Mar 9.