Le domagrozumab (PF-06252616) n’est pas non plus efficace dans la LGMDR9 liée à FKRP

Si les anti-myostatines paraissent une piste séduisante pour redonner du muscle dans les maladies neuromusculaires, aucun essai clinique chez l’homme des différentes molécules exerçant cette action  (anticorps anti-myostatine, folliculine, molécules bloquant ou leurrant les récepteurs de la myostatine…) n’a fait preuve de leur efficacité, malgré des résultats encourageants dans les modèles animaux, la souris notamment.

Le domagrozumab (PF-06252616) est un anticorps neutralisant anti-myostatine. Ses résultats chez la souris semblaient plus prometteurs que ceux du MYO-029, l’un des premiers inhibiteurs de la myostatine à avoir été testé entre 2005 et 2007, sans succès, dans la dystrophie musculaire de Becker, la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale et les dystrophies musculaires des ceintures.

Dans les suites d’un essai dans la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD), Pfizer a réalisé entre juillet 2016 et janvier 2019, un essai évaluant trois doses de domagrozumab chez 19 personnes atteintes de dystrophie musculaire des ceintures (LGMD) R9 liée à FKRP, âgées de 19 à 67 ans.

Trois cohortes ont été recrutées successivement :

  • une première de quatre participants a reçu 5mg/kg de domagrozumab toutes les quatre semaines pendant 32 semaines, puis, après une période sans traitement de 16 semaines, 40 mg/kg pendant 50 semaines ;
  • une deuxième de sept participants a reçu 20mg/kg chaque mois pendant 32 semaines, puis, après une pause thérapeutique de 16 semaines, 40 mg/kg pendant 40 semaines
  • et enfin une troisième cohorte de huit personnes a reçu d’emblée la forte dose toutes les quatre semaines pendant 32 semaines, puis, après une fenêtre thérapeutique de 16 semaines, de nouveau 40 mg/kg pendant 24 semaines.

Si le domagrozumab a été bien toléré, il n’a eu aucun effet significatif sur la force et la fonction musculaires des participants. À noter qu’il est possible que, comme dans la dystrophie musculaire de Duchenne, il exerce un effet négatif sur la fonction cardiaque : la fraction d’éjection du ventricule gauche s’est trouvée modifiée sous traitement, mais s’est rétablie lors de la fenêtre thérapeutique.

Compte tenu de l’absence d‘efficacité tant dans la DMD que dans la LGMDR9, le laboratoire Pfizer a arrêté le développement du domagrozumab.

 

A phase Ib/IIa, open-label, multiple ascending-dose trial of domagrozumab in fukutin-related protein limb-girdle muscular dystrophy. Doris G Leung, Alex E Bocchieri, Shivani Ahlawat, Michael A Jacobs, Vishwa S Parekh, Vladimir Braverman, Katherine Summerton, Jennifer Mansour, Nikia Stinson, Genila Bibat, Carl Morris, Shannon Marraffino, Kathryn R Wagner. Muscle Nerve . 2021 May 7. doi: 10.1002/mus.27259. Online ahead of print

 

Antimyostatin Treatment in Health and Disease: The Story of Great Expectations and Limited Success. Tue L Nielsen, John Vissing, Thomas O Krag. Cells. 2021 Mar 3;10(3):533.