L’École d’été de Myologie évolue et devient AcadeMYO – Entretien avec Norma B. Romero et J. Andoni Urtizberea

L’École d’été de Myologie de l’Institut devient AcadeMYO cette année. Entièrement virtuelle, elle se déroulera du 5 au 9 juillet prochain, en partenariat avec le réseau européen de référence EURO-NMD. Le nouveau format numérique comprend une partie enregistrée de cours disponibles à l’avance (environ 40 cours enregistrés) et une autre partie de cours et ateliers interactifs en direct. Dans les ateliers, les élèves seront séparés en petits groupes pour favoriser les échanges. Entretien avec Norma B. Romero et J. Andoni Urtizberea, responsables d’AcadeMYO.

 

Est-ce la pandémie qui vous a amenés à faire évoluer l’Ecole d’été de Myologie ?

JAU – Si on prend les choses dans l’ordre chronologique, on réfléchissait déjà bien avant la pandémie à une évolution du format de notre école d’été, parce que nous recevions un nombre grandissant de demandes et que nous ne pouvions accueillir qu’un nombre limité d’élèves. On avait imaginé il y a deux ou trois ans, faire une 2ème session à l’automne, d’un format un peu différent. Puis la pandémie est arrivée nous conduisant malheureusement à annuler la session 2020.

NBR – L’année 2020 a été difficile, on ne savait pas combien de temps cela allait durer. Quand on a pris la décision de faire une session en 2021, on voulait un format adapté à la nouvelle situation. Le numérique était donc la solution la plus appropriée.

JAU – Ce sont donc des raisons structurelles et conjoncturelles qui nous ont fait évoluer vers une édition virtuelle cette année. Le changement de nom pour AcadeMYO illustre ce nouveau concept à la fois sur le plan technique et sur le plan pédagogique. 

 

Le basculement vers une formule virtuelle vous a-t-il permis d’ouvrir de nouvelles possibilités ?

JAU – Oui, en effet car nous pouvons désormais accepter davantage d’élèves : 83 élèves déjà inscrits, nous nous sommes fixés d’atteindre les 100 élèves (contre maximum 66 en présentiel). Parmi eux, on compte une grande majorité d’académiques (professionnels de santé, chercheurs, kinésithérapeutes) mais aussi des personnes issues du monde de l’industrie pharmaceutique. 

NBR – Je pense que c’est très important de faciliter les rencontres entre des industriels et des académiques, il faut échanger pour s’enrichir mutuellement. Par ailleurs, cette version virtuelle de l’école permet d’accueillir d’anciens élèves pour une actualisation de leurs connaissances, AcadeMYO se situe donc bien dans la continuité de l’école d’été. 

JAU – Autre avantage de cette version digitale, les élèves ont moins de frais à engager (pas de voyage ni d’hébergement à prévoir) et certains aspects administratifs sont plus simples (moins de tracas liés aux visas par exemple). 

On profite également de cette évolution pour réfléchir à ce que l’on veut que l’école d’été devienne dans les années à venir. Cette école digitale, nouvelle formule, est une innovation qui nous permet d’inviter par exemple de nouveaux speakers qui ne pouvaient pas participer à l’ancienne formule, et qui permet aussi aux élèves d’avoir les cours à disposition plusieurs semaines et donc d’assimiler plus tranquillement les connaissances qu’ils devaient auparavant ingurgiter au cours de journées de 8h !

A noter cependant, cette première session virtuelle encore expérimentale est soumise à quelques aléas. On perd incontestablement en interactivité bien que nous ayons prévu plusieurs moments d’échanges, et en convivialité pour les élèves comme pour les professeurs : plus de diner de gala, ni de discussions informelles autour d’un café qui faisaient que l’on connaissait les élèves individuellement, ou encore de public pour les 40 cours pré-enregistrés. Plus de venue à Paris non plus et surtout à La Pitié-Salpêtrière, lieu emblématique de la neurologie et de la myologie.

NBR – Le format en présentiel était aussi l’occasion de nouer des contacts pour faire des post-doctorats, des stages, des thèses. Si on ne va pas arrêter d’avoir des étudiants, ce sera tout de même différent de lorsque l’on discutait de vive voix, en face à face, en direct. Mais c’est une réalité pour les congrès en général aujourd’hui.

JAU – Autre bémol, la diffusion en direct qui exclut de fait certaines zones géographiques, essentiellement l’Asie et le Pacifique pour des questions de décalage horaire, ce qui est assez frustrant pour tous. Enfin, même si on a beaucoup de cours différents, cela représente globalement moins d’heures : 36h en virtuel vs 45h sur 6 jours lors des dernières sessions en présentiel.

 

Quelles évolutions envisagez-vous pour les prochaines années ?

JAU – On ne sait pas encore ce que l’on fera à l’avenir, mais il est certain qu’il y a un besoin et une envie de revenir à un minimum de présentiel, peut-être avec une formule très familiale, un  peu comme les sessions précédentes, 30 ou 40 personnes qui viennent à Paris passer la semaine avec des séquences pédagogiques qu’il nous faudra rendre encore plus attractives.

NBR – Nous avions envisagé avant même la pandémie de proposer à une dizaine de personnes, 2 jours d’ateliers pratiques en plus de la semaine de cours théoriques. L’idée n’est pas que les élèves « manipulent » des échantillons mais qu’ils viennent à Paris pour assister et participer à ce qui se passe dans laboratoire de biologie moléculaire (extraire l’ADN, créer une sonde…), à la consultation (voir le médecin poser un respirateur…), au labo d’histologie (prélèvement de la biopsie, congélation, coupe, observation au microscope et analyse au microscope électronique…), au labo d’imagerie, qu’ils soient témoins de situations très concrètes.

Il y a une demande de la part des élèves pour des choses pratiques qu’ils pourront mettre tout de suite en place lorsqu’ils seront de retour chez eux, en plus des connaissances théoriques.

JAU – C’est effectivement un modèle possible : revenir à un format en présentiel en juin-juillet, les cours magistraux en moins car disponibles en ligne mais avec toujours des temps collectifs pour discuter de cas cliniques, et surtout des ateliers très pratiques. On peut aussi envisager une 2ème session virtuelle dans l’année avec des contenus similaires ou différents, ou raccorder les cours et ateliers à des modules de e-learning. Mais aussi utiliser la plateforme AcadeMYO pour des sessions d’enseignement portant, pourquoi pas, sur la recherche fondamentale ou d’autres domaines… Il y a beaucoup de développements futurs possibles au-delà de cette première édition virtuelle !