Covid-19 et myasthénie auto-immune : l’étude française Co-My-Covid livre des premiers résultats plutôt rassurants

Maladie de la jonction neuromusculaire, la myasthénie auto-immune se traduit par une fatigabilité musculaire excessive à l’effort. Son traitement peut faire appel aux corticoïdes et/ou aux immunosuppresseurs, des médicaments théoriquement à risque dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Il existe de surcroit un risque de poussée sévère avec atteinte respiratoire et bulbaire (crise myasthénique) en cas d’épisode infectieux.

 

Le pronostic se précise, les facteurs de gravité aussi 

Au printemps 2020, douze centres de la filière Filnemus ont commencé à constituer une cohorte de patients atteints de myasthénie auto-immune ayant contracté la Covid-19. Portée par le CHU de Bordeaux, cette base de données nommée Co-My-Covid a été développée avec le concours de l’AFM-Téléthon. 

Selon l’analyse rétrospective de ses données compilées entre mars et juin 2020 : 

  • 34 des 3 558 patients (0,96%) atteints de myasthénie auto-immune enregistrés dans la base de données française des maladies rares (BNDMR) ont développé une Covid-19, à l’âge moyen de 55 +/ – 19,9 ans ;
  • 44,1% ont été pris en charge à domicile, 29,4% en service de médecine (Covid-19 de gravité intermédiaire) et 26,5% en réanimation (forme sévère) ;
  • 14,7% des patients sont décédés (n=5), non pas d’une décompensation de leur myasthénie mais d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë lié à la Covid-19, isolé (40%) ou associé à une défaillance multiviscérale ou à des infections bactériennes;
  • 34,5% des survivants ont connu une exacerbation de la maladie (dont une crise myasthénique) soit des chiffres comparables à ceux observés en cas de syndrome grippal ;
  • les immunosuppresseurs, seuls ou associés à une corticothérapie, constituent un facteur de risque de développer une forme sévère de Covid-19 en analyse univariée ; en revanche il n’existe pas de corrélation significative pour les corticoïdes seuls, le genre ou encore l’ancienneté de la myasthénie ;
  • avoir une forme sévère de myasthénie (classe MGFA ≥ IV) avant l’infection par le SARS-CoV-2 s’associe à un risque élevé de Covid-19 grave (odds ration :102.6).

 

Co-My-Covid toujours en cours… 

Si vous avez des patients myasthéniques qui ont ou ont eu une Covid-19, prouvée ou seulement suspectée, vous pouvez contacter les investigateurs via le mail informations-comycovid@chu-bordeaux.fr

 

… et Va-C-Nemus débute

La filière Filnemus a également lancé le 10 mars 2021 l’observatoire Va-C-Nemus. Il s’agit d’une enquête en ligne qui va s’étendre sur un an pour surveiller la pandémie de Covid-19 et la vaccination. Pour plus d’information, vous pouvez consulter le site de l’observatoire Va-C-Nemus

 

Impact of Coronavirus Disease 2019 in a French Cohort of Myasthenia Gravis. Solé G, Mathis S, Friedman D, Salort-Campana E, Tard C, Bouhour F, Magot A, Annane D, Clair B, Le Masson G, Soulages A, Duval F, Carla L, Violleau MH, Saulnier T, Segovia-Kueny S, Kern L, Antoine JC, Beaudonnet G, Audic F, Kremer L, Chanson JB, Nadaj-Pakleza A, Stojkovic T, Cintas P, Spinazzi M, Foubert-Samier A, Attarian S. Neurology. 2021 Feb 10:10.1212/WNL.0000000000011669. doi: 10.1212/WNL.0000000000011669. Epub ahead of print. PMID: 33568541.