La dysphagie dans les myopathies inflammatoires, une manifestation à ne pas négliger

Les myosites idiopathiques, ou myopathies inflammatoires, sont des maladies auto-immunes se manifestant par des symptômes différents selon leur type (dermatomyosite, myosite à inclusions…). Toutes peuvent s’accompagner d’une dysphagie, laquelle est parfois le seul symptôme de la myosite ou son symptôme inaugural. Les troubles de la déglutition font d’ailleurs partie des critères de classification des myosites parus en 2017.

À rechercher et à traiter
Pour autant, les publications sur le sujet sont parfois contradictoires avec, par exemple, une prévalence allant de 0 à 100% selon les études. Pour clarifier le tableau, une équipe allemande (Münster) a réalisé une revue (234 études incluses) et une méta-analyse de prévalence (116 études, sur 10 382 patients) pour conclure que :

  • la prévalence globale de la dysphagie dans les myosites atteint 36%, et même 56% dans la myosite à inclusions sporadique. Elle est significativement plus élevée que la moyenne chez les patients atteints d’un cancer associé à la myosite ou qui produisent des auto-anticorps anti-NXP2 ;
  • cette dysphagie résulte d’une atteinte inflammatoire des muscles de la déglutition, comparable à celle des muscles striés périphériques ;
  • les difficultés de déglutition peuvent conduire à des complications graves (perte de poids importante, pneumopathie d’inhalation) et donc à une augmentation de la mortalité, d’où la nécessité de rechercher une dysphagie chez tout patient atteint de myopathie inflammatoire, de préférence à l’aide d’examens complémentaires (vidéofluoroscopie, endoscopie…) plus sensibles que les tests cliniques ;
  • les traitements rapportés comme bénéfiques sont les immunomodulateurs, le traitement du cancer associé le cas échéant, la chirurgie (myotomie du muscle cricopharyngien), la dilation et les injections de toxine botulique.

 

The impact of dysphagia in myositis: a systematic review and meta-analysis. Labeit B, Pawlitzki M, Ruck T, et al. J Clin Med. 2020;9(7):2150