Une étude de grande ampleur appuie la nécessité d’un suivi pluridisciplinaire des femmes enceintes atteintes de myosites

Les registres nationaux de patients suédois sont réputés pour leur qualité et leur exhaustivité. Une équipe de l’hôpital universitaire Karolinska de Stockholm s’est appuyée sur deux d’entre eux pour mener une première étude qui avait conclu, en août 2019, à la bonne santé reproductive des femmes atteintes de myopathies inflammatoires (ou myosites idiopathiques), des maladies auto-immunes rares.

La même équipe a analysé trois registres nationaux (Swedish National Patient Register, Total Population Register, Medical Birth Register) pour mener une étude sur les femmes enceintes qui ont accouché entre 1973 et 2016 et ont été diagnostiquées comme atteintes de myopathie inflammatoire (avant ou après l’accouchement) entre 1998 et 2016.

Des situations à bien anticiper
Grossesses multiples exclues, l’analyse a porté sur un total de 801 accouchements chez 412 femmes atteintes de myosites idiopathiques, comparés à 4 101 accouchements de 2 099 femmes exemptes de ces maladies. Publiés en janvier 2020, les résultats de cette analyse montrent :

  • un sur-risque de césarienne (risque relatif ajusté de 1,98), d’accouchement prématuré (3,35) et de petit poids de naissance (5,69) pour les femmes enceintes alors qu’elles ont déjà déclaré une myosite idiopathique (n=68), comparé aux femmes de la population générale ;
  • une fréquence plus élevée de césarienne (17.39% versus 11.17%) et d’extraction instrumentale (17.39% versus 5.96%) chez les femmes dont le diagnostic de myopathie inflammatoire a été posé 1 à 3 ans après la naissance de leur enfant (n=23) ;
  • un risque relatif ajusté plus élevé de césarienne (1,32), de petit poids de naissance (1,66) et d’induction du travail (1,59) lorsque le diagnostic de la myosite a été posé plus de 3 ans après l’accouchement (n=710), des résultats à prendre cependant avec précautions car le délai entre la naissance et le début de la maladie était supérieur à 10 ans dans la majorité des cas.

Les causes de ces phénomènes restent à élucider. L’impact spécifique des traitements n’a pu être analysé, par manque de données. Reste que les résultats de cette étude soulignent l’importance d’un suivi multidisciplinaire des femmes enceintes atteintes de myosites idiopathiques.

 

Pregnancy outcomes in women with idiopathic inflammatory myopathy, before and after diagnosis-a population-based study Che WI, Hellgren K, Stephansson O et al. Rheumatology (Oxford). 2020 January