Causes et conséquences de la dérégulation de miR-150-5p dans la myasthénie auto-immune

La myasthénie auto-immune (MG) est une maladie neuromusculaire chronique essentiellement due au développement d’anticorps dirigés contre le récepteur à acétylcholine (AChR) au niveau de la jonction neuromusculaire qui induit une faiblesse musculaire invalidante. Dans la MG à début précoce, le thymus est l’organe effecteur et est souvent caractérisé par des infiltrations de lymphocytes B conduisant au développement d’un centre germinatif ectopique. Le microRNA miR-150-5p a auparavant été décrit comme un biomarqueur de la MG : sa concentration augmente dans le sérum des patients et diminue après thymectomie, diminution qui est corrélée avec une amélioration des symptômes.

Dans cette étude, une équipe de chercheurs italiens et français, comprenant des chercheurs de l’Institut d Myologie, ont exploré les causes et les conséquences de l’augmentation du tux de miR-150 dans le serum de patients atteints de MG à démarrage précoce. Ils ont observé que l’expression de miR-150 était régulée à la hausse dans les thymus MG en corrélation avec la présence de lymphocytes B thymiques et ont montré, par hybridation in situ, que miRNA-150 était principalement exprimé par les cellules du manteau de la zone des GCs. Les auteurs n’ont cependant observé aucune corrélation entre le degré d’hyperplasie thymique et les taux sériques chez les patients MG.
En parallèles, ils ont aussi examiné l’expression de miR-150 dans les cellules monocytes du sang périphérique (PBMC) de patients MG. Ils ont observé que miR-150 était régulé négativement, en particulier dans les lymphocytes CD4+, par rapport aux contrôles. Ces résultats suggèrent que les taux sériques importants de miR-150 pourraient provenir de la libération de cellules périphériques activées CD4+.
Les chercheurs ont ensuite démontré que le traitement in vitro des PBMC avec des oligonucléotides miR-150 ou antimiR-150, respectivement diminuait ou augmentait l’expression de l’un de ses gènes cibles : le proto-oncogène MYB, un acteur bien connu de l’hématopoïèse. Ces résultats révèlent que l’augmentation des taux sériques de miR-150 chez les patients MG pourraient avoir un effet fonctionnel sur les PBMC. Ils montrent également que les antimiR-150 provoquent une augmentation de la mort des lymhocytes T CD4+ et CD8+, parallèlement à une surexpression de gènes pro-apoptotiques ciblés par miR-150, suggérant que miR-150 contrôle la survie de ces cellules.

La somme de ces résultats montre que miR-150 pourrait jouer un rôle dans la MG à la fois au niveau du thymus et en périphérie, en modulant l’expression des gènes cibles et la survie des cellules périphériques.

 

Causes and Consequences of miR-150-5p Dysregulation in Myasthenia Gravis. Cron MA, Maillard S, Truffault F, Gualeni AV, Gloghini A, Fadel E, Guihaire J, Behin A, Berrih-Aknin S, Le Panse R. Front Immunol. 2019 Mar 29;10:539. doi: 10.3389/fimmu.2019.00539. eCollection 2019.