Les myosites s’accompagnent d’un sur-risque coronarien selon deux larges études

Avoir une dermatomyosite ou une polymyosite serait, en soi, un facteur de risque de coronaropathie, même si les mécanismes physiopathologiques sous-jacents restent à identifier avec précision. Telle est la conclusion d’une étude menée à Taiwan. Elle a porté sur les données d’assurance maladie de 1 145 adultes atteints de myosite, comparées à celles de 732 723 patients contrôles appariés en âge et en genre, mais aussi en facteurs de risque cardiovasculaires.

Une alerte taiwanaise…
Publiés en mars 2019, ses résultats retrouvent :

  • une incidence de coronaropathie pour la dermatomyosite et la polymyosite de respectivement 15,1 et 30,1 pour 1 000 personnes-années, versus 8,4 et 10,5 pour 1 000 personnes-années dans le groupe contrôle ;
  • un risque (hazard ratio ou HR) ajusté d’atteinte coronarienne de 2,21 pour le sous-groupe dermatomyosite et de 3,73 pour le sous-groupe polymyosite par rapport à la population contrôle.

 

… corroborée par une équipe suédoise
Une deuxième étude, conduite en Suède, a évalué le risque de survenue d’un premier syndrome coronarien aigu dans une cohorte de 655 patients atteints de dermatomyosite, de polymyosite ou de myosite à inclusions, en comparaison d’une cohorte de 6 813 sujets contrôles en population générale. Également publiés en mars 2019, ses résultats montrent :

  • une incidence du premier syndrome coronarien aigu de 15,6 pour 1000 personnes-années en cas de myosites, avec un risque (HR) global de 2,4 comparé à la population générale, après ajustement de l’âge, du genre et de la zone de résidence ;
  • un sur-risque maximal dans l’année qui suit le diagnostic (HR de 3,6), peut-être en raison de l’activité intense de la maladie ou de l’introduction des immunosuppresseurs durant cette période ;
  • une augmentation du risque de syndrome coronarien aigu plus prononcée que la moyenne (HR de 3) pour les femmes et les patients âgés de 69 à 90 ans ;
  • un premier syndrome coronarien aigu survenant plus tôt dans le groupe myosite que dans le groupe contrôle.

Tous ces éléments plaident en faveur d’un renforcement du suivi et de la prévention cardiovasculaires chez les patients atteints de myopathie inflammatoire idiopathique.

 

Increased risk of coronary heart disease among patients with idiopathic inflammatory myositis: a nationwide population study in Taiwan. Weng MY, Lai EC, Kao Yang YH Rheumatology (Oxford). 2019 (Mars)

 

Acute coronary syndrome in idiopathic inflammatory myopathies: a population-based study. Leclair V, Svensson J, Lundberg IE, Holmqvist M. J Rheumatol. 2019 (Mars)