Les stocks d’immunoglobulines sous tension ces derniers mois

Utilisées pour traiter certaines formes de myasthénie et de myosites, les immunoglobulines polyvalentes voient leurs indications priorisées. Risque de pénurie oblige !

Les immunoglobulines (Ig) sont des anticorps produits par le système immunitaire et qui circulent dans le sang. Administrées pour soigner, les immunoglobulines « humaines polyvalentes » sont extraites des dons de plasma réalisés dans les centres de collecte de l’Établissement français du sang. Chaque lot de ce biomédicament provient d’au moins 1 000 donneurs en bonne santé. Leurs plasmas subissent différents tests. Les Ig sont ensuite isolées et purifiées selon des normes très strictes avant de pouvoir être injectées, le plus souvent en perfusion, soit pour moduler l’activité du système immunitaire (effet immunomodulateur) par exemple au cours de certaines myosites ou de la myasthénie auto-immune, soit parce que lorsque l’organisme ne fabrique pas suffisamment d’Ig (déficits immunitaires). Il s’écoule en général neuf mois entre la collecte d’un don de plasma et la mise à disposition des Ig polyvalentes. Ce parcours long et complexe explique qu’il soit impossible d’ajuster de façon exacte et instantanée l’offre de ce médicament dérivé du plasma à une demande qui augmente de façon exponentielle à l’échelle mondiale.

Hiérarchiser les indications
Les Ig polyvalentes sont en effet prescrites dans un nombre croissant de maladies. À cette augmentation des besoins s’ajoutent des difficultés de production rencontrées de façon ponctuelle par les (rares) laboratoires qui produisent les Ig polyvalentes. Cette conjonction aboutit vite à des situations où la quantité de produits disponible est insuffisante pour couvrir l’ensemble des prescriptions. La France a connu de telles tensions d’approvisionnement fin 2013, puis de nouveau en 2017 et début 2018. En janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a constitué un comité temporaire d’experts, parmi lesquels des représentants de la filière Filnemus et de l’AFM-Téléthon, chargés d’analyser les indications des Ig polyvalentes fonction des données scientifiques les plus récentes. Ils ont réparti la centaine de situations où ce médicament est actuellement prescrit en « justifiées », « non justifiées ou non acceptables » et « caduques ». Ils ont également priorisé les 27 indications reconnues comme justifiées. La myasthénie auto-immune, la dermatomyosite, la polymyosite et la myosite à inclusions appartiennent bien à la catégorie des indications justifiées, mais elles ne sont pas jugées prioritaires dans tous les cas, contrairement aux déficits immunitaires primitifs. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publie de surcroît chaque mois, sur son site Internet, le niveau des approvisionnements de tous les médicaments dérivés du sang. La situation mi-juin 2018 était rassurante pour les Ig polyvalentes, avec une couverture prévisionnelle des besoins assurés pour les semaines à venir.

 

 

ANSM, Médicaments dérivés du sang – Situation des approvisionnements

 

ANSM, Utilisation des immunoglobulines humaines polyvalentes (Ig) dans un contexte de fortes tensions d’approvisionnement, Point d’Information du 01/06/2018