Prix de la Fondation Prize4Life alloué à M. Barkats et M. G. Biferi pour leurs travaux sur la thérapie génique dans la SLA

Martine Barkats et Maria Grazia Biferi sont les lauréates du prix Avi Kremer ALS Treatment de la Fondation Prize4Life qui est engagée dans la lutte contre la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA*) et a récompensé leurs travaux à hauteur de 1 million de dollars. Au sein du CRM de l’Institut de Myologie, le laboratoire « Transfert de gène dans le système nerveux central & biothérapie des maladies du motoneurone » travaille depuis des années sur la thérapie génique pour les maladies du motoneurone  : l’amyotrophie spinale (SMA*), une maladie du motoneurone qui affecte les enfants, et la SLA qui touche les adultes. Maria Grazia Biferi revient sur les travaux qui ont été distingués.

Quelle est la spécificité des recherche de votre équipe ?
Pour la SMA, l’équipe a mis au point une stratégie utilisant des vecteurs viraux AAV qui, après injection systémique, sont capables de cibler le Système Nerveux Central (SNC) : le cerveau, la moelle épinière et surtout, les motoneurones. Cette thérapie génique est actuellement en cours de développement clinique aux USA où, avec un vecteur AAV, le gène sain est réinjecté chez des enfants malades.

Notre stratégie a ensuite été transposée à la SLA. Un vecteur AAV a été choisi pour atteindre le SNC pour la forme génétique de SLA qui est liée à SOD1. Cette protéine est surexprimée et s’accumule jusqu’à intoxiquer la cellule. Différentes stratégies ont été testées pour augmenter la survie (injection de molécules d’ADN permettant de détruire l’ARN messager de la protéine mutée, injection d’ARN interférent via un vecteur pour intercepter et détruire l’ARN messager muté).

Quels sont les travaux qui ont été récompensés ?
Nous avons mis au point une nouvelle stratégie moléculaire et amélioré le moyen de délivrer le vecteur afin de réduire au maximum le niveau de SOD1 toxique. Pour cela, nous avons utilisé un sérotype d’AAV qui cible efficacement le SNC, et combiné deux modes d’administration du vecteur, par voie systémique et par voie intra-cérébroventriculaire, pour cibler également les organes périphériques. Nous avons administré ce traitement à des souris nouveau-nées et nous avons obtenu d’excellents résultats (taux de survie proche de 100%). Chez les souris adultes SOD malades, la survie a été augmentée de plus de 50%, dépassant ainsi l’un des critères requis pour ce prix (allonger l’espérance de vie des souris adultes d’au moins 25%). Un autre critère majeur était que les résultats soient vérifiables et reproductibles. Pour cela, un laboratoire externe situé aux États-Unis a répété les expériences avec nos vecteurs et a obtenu les mêmes résultats que nous, validant ainsi très solidement notre protocole.

Que va vous apporter ce prix ?
Ce prix devrait attirer l’attention sur la stratégie que nous avons choisie et accélérer les développements pré-cliniques et cliniques pour aboutir au plus vite à une thérapie chez l’homme. Il s’agit donc également d’attirer des investisseurs pour soutenir ces études coûteuses : tests sur d’autres modèles, toxicité, biodistribution du vecteur, persistance du vecteur, etc.
Au laboratoire, nous continuons nos recherches, nous pourrons également tester notre stratégie sur d’autres maladies neurodégénératives avec accumulation de protéine toxique, ce qui demandera des financements, que l’obtention du prix pourra peut-être nous aider à obtenir…

Je tiens à ajouter que c’est une belle récompense pour nous, pour les travaux antérieurs de Martine Barkats. Je suis très contente car c’est un succès collectif, et je tiens à remercier Martine Barkats qui a monté notre petite équipe. J’espère que nous allons continuer nos recherches en gardant ce bon esprit qui nous a réunis jusque-là et je pense que notre bonne entente nous a permis de passer au-dessus des difficultés typiques de la recherche, de tenir et d’arriver à ce niveau.

 

* L’amyotrophie spinale (ou SMA, maladie de l’enfant présentant différentes formes dont la plus sévère atteint les nouveau-nés) et la sclérose latérale amyotrophique (ou SLA, maladie de l’âge adulte) sont deux maladies différentes qui ont en commun la mort des motoneurones provoquant la paralysie musculaire. Dans le cas de la SMA, la cause est génétique, l’absence d’un gène entrainant la maladie. Dans la SLA, les causes ne sont pas encore bien connues pour 90% des formes qui sont sporadiques  ; les 10% restants sont des formes génétiques, pour lesquelles nous pouvons imaginer de cibler le gène muté.

> voir le communiqué de presse de Prize4Life