Colloque Centenaire Jules Dejerine

Une journée consacrée à la vie et l’œuvre de Jules et Augusta Dejerine à l’occasion du centenaire de la mort de Jules Dejerine en 1917.

Vendredi 10 février 2017 s’est tenu, à l’initiative de Michel Fardeau(1), sous l’égide de l’Institut de Myologie, un colloque dédié à l’œuvre de Joseph Jules Dejerine (1849-1917), indissociable de celle de son épouse Augusta, née Klumpke (1859-1927).
Jules Dejerine, médecin des hôpitaux de Paris dans le service du Professeur Hardy à l’hôpital de la Charité (Paris), a été coauteur avec L. Landouzy, professeur agrégé dans le même service, de plusieurs articles de 1884 à 1886 consacrés à la description de la « myopathie héréditaire sans neuropathie, débutant dans l’enfance par la face », c’est-à-dire de la myopathie facio-scapulo-humérale, appelée aussi « maladie de Landouzy-Dejerine ». En 1893, il décrira avec son chef de laboratoire Sottas, une forme particulière de neuropathie héréditaire hypertrophique de l’enfance, le syndrome de Dejerine-Sottas, dont le rattachement à la maladie de Charcot-Marie-Tooth fait encore l’objet de discussion de nos jours. Au demeurant, les travaux de Dejerine dans le domaine des maladies neuromusculaires ne représentent qu’une petite partie de son œuvre.

Cette journée qui a retracé un pan important de l’histoire de la neurologie française et illustré l’ampleur et la qualité des travaux Jules et Augusta Dejerine, s’est tenue à l’amphithéâtre Charcot de la Pitié-Salpêtrière à Paris, non loin des lieux où ils ont eux-mêmes travaillé pendant près de 20 ans.

L’histoire remarquable de ce couple(1), leur place dans le monde de la neurologie française, la rigueur scientifique de leurs études anatomo-cliniques, l’incroyable étendue de leurs apports à la neurologie tant dans la pathologie neurologique périphérique (pathologie nerveuse périphérique) que centrale (aphasie, pathologie du cervelet), ont été évoqués et illustrés au cours de ce colloque.

L’œuvre de Jules Dejerine et de son épouse Augusta a rayonné dans le monde entier. Elle a, notamment, donné lieu à la publication, en 1895 pour le tome I et en 1901 pour le tome II, d’une « Anatomie des centres nerveux » mettant en corrélation les lésions cérébrales observées sur les coupes en série de cerveau réalisées dans leur laboratoire avec les manifestations cliniques correspondantes (méthode anatomo-clinique), et d’une « Sémiologie des affections du système nerveux », parue en 1900 et dont la deuxième édition de 1914, « complètement revue et considérablement augmentée », comporte plus de 1200 pages et concerne tous les domaines de la pathologie nerveuse. J.Dejerine s’est aussi intéressé aux « psychonévroses » qu’il reliait à des dérèglements émotionnels et pour lesquelles il préconisait la psychothérapie. Il a publié avec E.Gauckler, un de ses élèves, en 1911, un ouvrage de plus de 560 pages intitulé : « Les manifestations fonctionnelles dans les psychonévroses. Leur traitement par la psychothérapie ».
D’une richesse stimulante, ce colloque a rendu hommage au couple Dejerine et à « la passion qu’ils ont nourri pour la neurologie, une science qui les a captivés »

 

(1) Michel Fardeau, qui a eu le privilège de connaître et de travailler avec Yvonne Sorrel-Dejerine, fille de Jules et d’Augusta, elle-même neurologue, s’est vu confier à la mort de cette dernière, un grand nombre de livres et de papiers des Dejerine. Il a fait revivre ces deux personnalités d’exception dans un essai qu’il leur a consacré et qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob : « Passion neurologie : Jules et Augusta Dejerine ».

Sources
> Passion neurologie : Jules et Augusta Dejerine, Fardeau M., Éditions Odile Jacob, 2016, 186 pages
> L’œuvre de Jules Dejerine dans les maladies neuromusculaires., Fardeau M.
> Les Cahiers de Myologie, 2010, 3, p. 5-10