Annoncée par BioMarin le 31 mai, cette décision signe l’arrêt du développement clinique du KyndrisaTM, oligonucléotide antisens visant le saut de l’exon 51 dans la DMD.
BioMarin Pharmaceutical Inc. a annoncé dans un communiqué de presse daté du 31 mai 2016, le retrait de sa demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le KyndrisaTM (drisapersen/PRO051/BMN051), auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA).
Cette décision fait suite aux échanges qui ont eu lieu au cours du mois de mai 2016 entre BioMarin et le comité européen pour les produits médicaux à usage humain, le CHMP (Committe for Medicinal Products for Human Use), chargé d’étudier les dossiers de demande d’AMM au sein de l’EMA. Les discussions ont laissé clairement entendre qu’au vu du dossier du KyndrisaTM, le CHMP donnerait un avis négatif pour sa mise sur le marché. La FDA, l’agence du médicament américaine, avait de son côté émis une décision négative en janvier dernier.
Arrêt du développement des oligonucléotides antisens développés par BioMarin
Compte tenu des avis négatifs tant de l’agence européenne que de l’agence américaine, BioMarin a annoncé l’arrêt du développement clinique du KyndrisaTM (Drisapersen/PRO051/BMN051), oligonucléotide antisens visant le saut de l’exon 51 du gène de la dystrophine (DMD), ainsi que celui des autres oligonucléotides antisens de 1ère génération, les BMN 044 (PRO044), BMN 045 (PRO045) et BMN 053 (PRO053) visant respectivement les sauts d’exon 44, 45 et 53.
Un plan de transition pour les patients encore inclus dans des essais concernant ces oligonucléotides antisens est en cours de discussion.
Pour autant, la société Biomarin ne se désengage pas de cette piste thérapeutique, puisqu’elle souhaite orienter sa recherche vers des oligonucléotides de nouvelle génération avec pour objectif de trouver un traitement efficace et sans danger pour les garçons atteints de dystrophie musculaire de Duchenne.
« Les raisons de cet échec après plusieurs essais cliniques, sont doubles, précise Serge Braun Directeur scientifique de l’AFM-Téléthon. Le rapport bénéfice-risque a été jugé défavorable par l’autorité de santé américaine (la FDA). Des effets secondaires ont été notés (réactions cutanées aux sites d’injections, risques rénaux et sanguins). Pour contrebalancer ces risques, il aurait fallu que le bénéfice obtenu soit très significatif. Or, les critères fonctionnels mesurés n’ont pas apporté de valeur statistique suffisante, le critère principal étant le test de marche de 6 minutes. La distance gagnée ou préservée grâce au traitement n’a pas convaincu les autorités de santé.
Cette issue très décevante ne signifie cependant pas la fin de l’histoire. D’autres pistes sont aussi avancées que l’étaient les phosphorothioates (classe chimique des oligonucléotides antisens évalués – ndlr) et la communauté scientifique, médicale et industrielle a beaucoup appris des résultats obtenus, au bénéfice des autres voies actuellement en clinique. »
Pour en savoir plus :
> Voir le communiqué de presse de BioMarin Pharmaceutical Inc. du 31 mai
> Voir l’article de Serge Braun : « La mise au point de médicaments n’est pas un long fleuve tranquille. » (Blog des dirigeants de l’AFM-Téléthon)