Le Pr Michel Fardeau a reçu le 15 décembre la Grande Médaille de l’Académie nationale de médecine des mains de Jean-François Allilaire, Secrétaire adjoint de l’Académie. Il a été honoré pour l’ensemble de sa carrière qui a entièrement été consacrée à la biologie et la pathologie du muscle. En créant à La Salpêtrière un institut dévolu au muscle et à ses pathologies, Michel Fardeau a donné à la myologie le statut de spécialité à part entière.
Lors de la cérémonie de remise de la distinction, le professeur a rendu hommage aux personnes qui, selon ses mots, l’ont « fait » : le Pr Raymond Garcin qui l’a accueilli en 1959, pour son internat, dans son service à La Salpêtrière et le Pr René Couteaux qui l’a formé à la pathologie tissulaire. Parmi les nombreux scientifiques côtoyés pendant des décennies, ceux-ci l’ont en particulier marqué : « John Walton qui a été le premier à reconvertir en Europe son service de neurologie de Newcastle Upon Tyne en Centre d’Etudes des Maladies neuromusculaires, W. King Engel, mon frère d’armes, qui me fit venir près de lui, au NIH à Bethesda. (…) et Ketty Schwartz qui a apporté la valence « cœur », myocardique dans notre groupe. »
De l’équipe à l’institut
En 1977, jeune directeur de recherche, M. Fardeau prend la tête de l’unité « Biologie et pathologie neuromusculaire » qu’il dirige jusqu’en 1996. Petite équipe au départ, quatre personnes, pour fonder la première unité travaillant spécifiquement dans le domaine des maladies musculaires : le service de microscopie électronique de La Salpêtrière. « Tous ceux et toutes celles qui ensuite ont fait partie de l’équipe CNRS, puis de l’Unité de Recherche INSERM dédiée à la pathologie musculaire. Quelques uns sont ici ce matin, autour de Fernando Tomé : Une des caractéristiques de ce groupe, chaque année plus important, était qu’on y entrait, mais qu’on n’en partait plus. » Donc le nombre s’est accru progressivement, si bien que l’équipe a déménagé de La Salpétrière jusqu’au Fer à Moulin, puis les choses ayant pris encore plus d’importance, il a fallu construire un institut pour accueillir le personnel qui maintenant dépasse sans doute plusieurs centaines : c‘est la naissance de l’Institut de Myologie dont il sera le directeur médical et scientifique jusqu’à sa retraite en 2006.
Une grande proximité avec les patients et leurs familles
Michel Fardeau a également dédié sa médaille « à tous ceux et à toutes celles, enfants, adolescents ou adultes m’ont fait confiance comme patients et sont pour nombre d’entre eux, toujours restés proches de moi ». En 1978, Bernard Barataud prend contact avec Michel Fardeau et François Gros de l’Institut Pasteur pour demander de l’aide et des conseils pour un conseil scientifique qu’il envisage alors de créer pour l’association qu’il est en train de faire revivre. « Nos réponses ayant été positives, devait bientôt naître un Conseil Scientifique et une aventure dont l’ampleur est aujourd’hui connue de tous dans ce pays. »
Améliorer la prise en charge sociale des personnes handicapées
Souhaitant faire avancer les choses tant dans le domaine scientifique que dans le domaine social, il enseigne au CNAM qui créé pour lui en 1987 une chaire de science sociale « Insertion sociale des personnes handicapées » dédiée à toutes les déficiences. Pendant 10 ans, parallèlement à ses travaux de recherche scientifique, il diffuse une approche plus transversale du handicap, comme il a pu l’observer dans d’autres pays comme, par exemple, le Québec.
Un médecin-chercheur reconnu et toujours en activité
Michel Fardeau est Directeur de recherche émérite au CNRS et Professeur honoraire au CNAM. Il a été récompensé par de nombreux prix et son travail a été reconnu par des sociétés savantes étrangères qui ont fait appel à lui comme associé. Il a fait partie de plusieurs académies, parmi lesquelles l’Académie des sciences, en qualité de correspondant, et a été membre du Comité consultatif national d’éthique (1986-1990).
Il est actuellement membre du conseil scientifique de l’AFM et consultant bénévole au Laboratoire d’histopathologie du Dr Norma B. Romero de l’Institut de Myologie.
> Voir aussi « Les 10 ans de l’Institut de Myologie » de Michel Fardeau