Deux études nord-américaines décodent le point de vue des patients et des aidants sur la thérapie génique dans la DMD

La dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) est la plus fréquente des myopathies de l’enfant. Objet de plusieurs essais cliniques en cours, la thérapie génique dans cette maladie tend à s’inscrire au rang de ses options thérapeutiques.

Une décision stade-dépendante
Une enquête qualitative (entretiens) a été conduite auprès de 6 patients adultes et de 17 parents d’enfants atteints de DMD pour identifier les facteurs qui influenceraient leur choix en matière de participation à des essais de thérapie génique. Différents avantages et inconvénients ont été soumis à leur réflexion : un effet non curatif mais stabilisant sur les fonctions musculaire, cardiaque et pulmonaire, un risque de décès lié au traitement, une administration unique avec un bénéfice limité dans le temps… Parus en mai 2019 dans la revue PLoS One, les résultats de cette étude mettent en évidence :

  • un arbitrage complexe entre les bénéfices potentiels du traitement, ses risques et l’évolution pour l’heure inéluctable de la maladie ;
  • la forte valeur accordée par tous les répondants aux bénéfices thérapeutiques sur le fonctionnement musculaire squelettique, cardiaque et respiratoire ;
  • un risque de 1% de décès lié à la thérapie génique considéré comme acceptable par plus de la moitié des participants (5 patients sur 7 et 10 parents sur 17) lorsqu’il est mis en perspective avec la progression de la maladie et l’absence de traitement curatif  ;
  • des réponses différentes selon le stade évolutif en ce qui concerne les bénéfices prioritaires, la tolérance au risque (accrue avec la progression de la maladie) et le moment idéal pour entreprendre une thérapie génique, la plupart des répondants préférant attendre qu’une fonction vitale à leurs yeux soit sur le point d’être perdue.

Les arguments du consentement
Une deuxième équipe a mené une étude sur les critères qui influencent cette fois la décision de participer à un essai clinique de thérapie génique en phase précoce. Elle a inclus 27 patients adultes et 247 parents d’enfants atteints de DMD. La méthode choisie était celle du « meilleur-pire » (best-worth) qui consiste à choisir, parmi une liste d’items, le plus important et le moins important. Soumis à ce choix des extrêmes, les participants ont placé :

  • en tête de leurs critères prioritaires pour décider de participer ou non à un essai de thérapie génique l’amélioration de la fonction musculaire, de la fonction respiratoire (surtout pour les adultes et les parents d’enfants non marchants), le risque d’une limitation de leur participation ultérieure à d’autres essais de thérapie génique (transfert de gène, CRISPR-Cas9) et l’amélioration de la fonction cardiaque ;
  • en fin de classement, une durée des bénéfices thérapeutiques de 10 ans seulement, le risque d’une longue hospitalisation, l’éventualité d’être assigné par tirage au sort au groupe placebo et celle d’avoir des biopsies musculaires.

 

Priorities when deciding on participation in early-phase gene therapy trials for Duchenne muscular dystrophy: a best-worst scaling experiment in caregivers and adult patients. Paquin RS, Fischer R, Mansfield C et al. Orphanet J Rare Dis. 2019 May.

 

Gene therapy as a potential therapeutic option for Duchenne muscular dystrophy: A qualitative preference study of patients and parents. Landrum Peay H, Fischer R, Tzeng JP et al. PLoS One. 2019 May.