Décrypter les mécanismes qui régissent la plasticité du muscle squelettique est essentiel pour comprendre ses processus physiopathologiques, y compris la sarcopénie qui est liée à l’âge et se traduit par une perte progressive et généralisée de la masse, de la force et de la qualité musculaire ; parmi ses nombreuses conséquences : augmentation du risque de chute, de la durée d’hospitalisation, des risques infectieux…
Le canal calcique voltage-dépendant CaV1.1 joue un rôle central dans le couplage excitation-contraction (ECC), ce qui augmente la possibilité qu’il puisse également initier la réponse adaptative aux changements durant l’activité musculaire. Ici, des chercheurs de l’équipe de France Piétri-Rouxel du Centre de recherche en myologie de l’institut ont révélé l’existence d’un commutateur de transcription génique de la sous-unité β CaV1.1 (CaVβ1) qui dépend de l’état d’innervation du muscle chez la souris.
Dans un modèle murin de dénervation sciatique, les auteurs ont montré une expression accrue d’un isoforme embryonnaire de la sous-unité appelée CaVβ1E. CaVβ1E stimule la signalisation du facteur de différenciation de croissance en aval 5 (GDF5) pour contrer la perte musculaire après dénervation chez la souris. Les chercheurs ont en outre signalé que le muscle de souris âgée exprimait une quantité inférieure de CaVβ1E par rapport au muscle jeune, affichant une réponse à la dénervation modifiée dépendante de GDF5. À l’inverse, la surexpression de CaVβ1E améliorait la perte de masse dans le muscle vieillissant chez la souris en augmentant l’expression de GDF5.
Les chercheurs ont également identifié l’analogue de CaVβ1E humain et ont montré une corrélation entre l’expression de CaVβ1E dans les muscles humains et le déclin de la masse musculaire lié à l’âge. Ces résultats suggèrent que les stratégies ciblant CaVβ1E ou GDF5 pourraient être efficaces pour réduire la perte de masse musculaire au cours du vieillissement.