La myasthénie auto-immune est une des maladies neuromusculaires acquises les plus fréquentes, notamment chez l’adulte. Elle est due à l’action d’auto-anticorps dirigés contre le récepteur à l’acétylcholine ou contre d’autres constituants de la jonction neuromusculaire. Responsable de déficits, souvent fluctuants, de la musculature oculaire et/ou bulbaire, elle peut être à l’origine d’une morbidité importante. Elle a toujours été considérée jusqu’ici comme un trouble du seul système nerveux périphérique, les auto-anticorps ne traversant pas la barrière hémato-méningée.Dans un article publié en octobre 2012, un groupe de chercheurs américains et colombiens tendent à remettre en question ce dogme. Ils se sont intéressés à la fonction olfactive en faisant passer une batterie de tests fonctionnels standardisés (mis au point à l’université de Philadelphie) à des patients myasthéniques, des patients avec polymyosite et un groupe de volontaires sains. Aucun des sujets ne se plaignait de problème olfactif. Pourtant, à la grande surprise des chercheurs, les patients myasthéniques présentaient une nette diminution de leurs capacités olfactives. Les scientifiques ont pu démontrer que les phénomènes moteurs (incapacité de renifler, par exemple) n’étaient pas en cause et invoquent plutôt un dysfonctionnement, plus haut situé, du système nerveux central, à l’instar de ce qui a été décrit dans d’autres affections centrales neurodégénératives telles la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
Profound olfactory dysfunction in myasthenia gravis.
Leon-Sarmiento FE, Bayona EA, Bayona-Prieto J, Osman A, Doty RL.
PLoS One. 2012.7(10) : e45544. doi : 10.1371/journal.pone.0045544. Epub 2012 Oct 17.