Mécanismes de la contraction

La contraction est la fonction essentielle des muscles striés squelettiques, responsables des mouvements du squelette. Ces mouvements sont essentiels à l’interaction de l’organisme avec son environnement, ils sont sous le contrôle du système nerveux somatique

 

Mécanismes cellulaires et moléculaires de la contraction

La contraction du muscle strié squelettique est liée à l’excitation préalable des fibres musculaires par les motoneurones a. Cette excitation conduit in fine au glissement des filaments fins et épais les uns contre les autres. Les phénomènes qui se produisent entre l’excitation et la contraction sont désignés par le couplage excitation-contraction.

Genèse du potentiel d’action de fibre musculaire

La genèse du potentiel d’action de fibre musculaire qui est à l’origine de la contraction s’effectue au niveau de la plaque motrice via une stimulation nerveuse. Lorsqu’un potentiel d’action arrive au niveau de la terminaison axonale, la membrane nerveuse se dépolarise. Cette dépolarisation induit l’ouverture de canaux calciques voltages-dépendants (c’est à dire sensible à la différence de potentiel entre la membrane plasmique du motoneurone et l’espace synaptique). Le flux de calcium à l’intérieur de la terminaison axonale déclenche une fusion des vésicules d’acétylcholine avec la membrane ce qui induit une libération de ce médiateur dans la fente synaptique. L’acétylcholine diffuse dans cette fente et va se lier à des récepteurs spécifiques situés au niveau de la membrane post-synaptique. Ces récepteurs sont des récepteurs canaux. Ainsi la liaison de deux molécules d’acétylcholine avec le récepteur induit un changement de la conformation du récepteur qui conduit à l’ouverture du canal. Un flux d’ions sodium dans la fibre musculaire produit une dépolarisation de la membrane, on parle de potentiel de plaque motrice. Lorsque ce potentiel atteint une valeur seuil, ce potentiel induit l’ouverture de canaux sodium voltage-dépendants au niveau du sarcoplasme générant ainsi un potentiel d’action. Ce potentiel d’action se propage à la surface de la fibre musculaire dans les deux directions vers les extrémités de la fibre musculaire, la jonction neuromusculaire étant située au centre de la fibre musculaire.

Couplage excitation-contraction

Le couplage excitation-contraction n’est possible qu’en raison de la propriété d’excitabilité de la membrane plasmique musculaire. Le sarcoplasme est capable de produire et de propager des potentiels d’action par des mécanismes similaires à ceux observés pour les neurones. Le potentiel d’action dure 1 à 2 ms dans la fibre musculaire striée squelettique. Celui-ci est terminé bien avant l’apparition des signes mécaniques de la contraction. Cette activité mécanique qui fait suite peut durer 100 ms ou plus.
Le couplage excitation-contraction se déroule au niveau de la triade. Ce couplage demande l’intervention de diverses protéines : la calsequestrine, les canaux calciques, les ryanodines, le récepteur à la dihydropyridine. Le potentiel d’action initié au niveau de la plaque motrice se déplace de proche en proche par l’ouverture de canaux sodiques voltage-dépendants distribuant la dépolarisation aux tubules T qui se dépolarisent et induisent une libération d’ions calcium du réticulum sarcoplasmique vers le cytosol de la fibre musculaire.

Cette libération d’ion calcium s’effectue grâce à l’intervention de deux types de canaux calcium :

i/ le récepteur à la dihydropiridine, localisé au niveau de la membrane du tubule T, est un canal calcium voltage-dépendants ;
ii/ le récepteur à la ryanodine, localisé au niveau de la membrane du réticulum sarcoplasmique, est un canal de libération d’ions calcium.

La dihydropiridine et la ryanodine sont associées avec leur récepteur respectif. Une partie des canaux de libération d’ions calcium sont directement associés aux canaux calciques voltage-dépendants. Les canaux de libération d’ions calcium non associés avec les canaux voltage-dépendants sont ouverts par l’influx du calcium dans le cytosol. Leur ouverture est stimulée pour une faible concentration d’ions calcium intracytosolique (moins de à 0,1 mM), elle est inhibée pour des concentrations plus élevés (0,5 mM).
Ainsi le flux de calcium du réticulum sarcoplasmique vers le cytosol s’effectue par deux voies.

  • La première voie consiste en une modification de la conformation du canal voltage-dépendant pendant la dépolarisation. Cela permet l’ouverture du canal calcium voltage-dépendant. Cette modification physique est transduite au canal de libération d’ions calcium.
  • La seconde voie consiste en l’ouverture des canaux de libération d’ions calcium non associés aux récepteurs à la dihydropiridine par les ions calcium eux-mêmes.

Après le passage du potentiel d’action, les canaux voltage-dépendants se referment et le calcium est recyclé et rejoint le réticulum sarcoplasmique par l’intermédiaire des pompes calcium-ATPases localisées au niveau de la membrane du réticulum sarcoplasmique.

Mécanismes moléculaires de la contraction

Les mécanismes moléculaires de la contraction au sens strict se déroulent dès la libération du calcium dans le cytosol. Au niveau des myofibrilles, les ions calcium disponibles s’associent avec la troponine C. Cette liaison déplace le complexe troponine-tropomyosine de sa position au niveau du filament d’actine. Ce mouvement libère ainsi des sites de liaison des têtes de myosine. A noter qu’à l’état de repos les têtes de myosine sont associées au filament d’actine en l’absence d’ATP formant un pont transversal ce qui donne la rigidité du muscle. Suite à la libération des sites de liaison de la myosine sur les filaments d’actine, chaque tête de myosine s’associe à une molécule d’ATP. Cette liaison induit une dissociation des têtes de myosine du filament d’actine. Par la suite, lors de la phase d’hydrolyse de l’ATP, les têtes de myosine pivotent et se lient à l’actine au niveau des sites de liaison. La libération du phosphate inorganique (Pi) obtenu par l’hydrolyse de l’ATP provoque une changement de conformation des têtes de myosine . Le mouvement induit par cette modification de conformation entraîne le déplacement du filament d’actine. Ainsi est observé un raccourcissement du sarcomère. La libération de l’ADP par la suite permet de reformer le pont transversal formé entre l’actine et la myosine. Ce cycle se répète plusieurs fois (9 à 12 fois) tant que le calcium demeure lié à la troponine. Pendant ce temps, les pompes calcium-ATP ases permettent le recyclage du calcium du cytosol vers le réticulum sarcoplasmique par hydrolyse de l’ATP en ADP + Pi. La diminution de concentration d’ions calcium dans le cytosol induit une dissociation des complexes calcium-troponine C. La tropomyosine retrouve sa position de départ par changement de conformation du complexe troponine-tropomyosine. Ainsi les sites de liaison au niveau du filament d’actine ne sont plus disponibles induisant la relaxation et donc le retour à un état de repos au niveau de la myofibrille et la fibre se relâche.

 

Utilisation et synthèse de l’ATP

L’ATP est nécessaire à la contraction et à la relaxation de la fibre musculaire pour :

  • la liaison de l’ATP à la myosine nécessaire à la dissociation des têtes de myosine du filament d’actine ;
  • l’hydrolyse de l’ATP qui fournit l’énergie nécessaire au mouvement induit par la « rotation » des têtes de myosine ;
  • l’hydrolyse de l’ATP au niveau de la pompe calcium-ATP ase qui permet la relaxation par recyclage du calcium.

Pour pouvoir maintenir une activité contractile, les molécules d’ATP doivent être fournies par le métabolisme aussi rapidement qu’elles sont dégradées par le processus contractile. Ceci s’effectue par trois grandes voies métaboliques : la voie anaérobie alactique, la voie anaérobie lactique, la voie aérobie.

Synthèse par voie anaérobie alactique

L’ATP peut être de nouveau synthétisée à partir de la phosphocréatine (PCr) par la voie anaérobie alactique, ou voie des phosphagènes. Cette synthèse s’effectue selon la réaction chimique :

ADP + PCr —-> ATP + Créatine

Cette synthèse s’effectue au début d’un exercice.

Synthèse par voie anaérobie lactique

La seconde voie de synthèse (anaérobie lactique ou glycolyse anaérobie) consiste en la dégradation du glycogène (forme de stockage du glucose) en acide pyruvique. Cette voie va permettre de synthétiser 3 molécules d’ATP à partir d’une molécule de glycogène (voir schéma). Ces réactions ne nécessitent pas la présence d’oxygène (plus exactement du dioxygène). Elles aboutissent à la formation d’acide lactique dont l’accumulation perturbe les processus contractiles. Cette voie métabolique intervient essentiellement au début de l’exercice quand l’apport en oxygène est insuffisant et lors d’exercices intenses lorsque la voie aérobie n’apporte plus assez d’énergie.

Synthèse par voie aérobie

La voie métabolique de la glycolyse aérobie et la voie de dégradation des acides gras consiste en la dégradation des substrats glucidiques et lipidiques dans la mitochondrie en présence d’oxygène allant de la formation de 37 molécules d’ATP par la dégradation d’une molécule de glycogène à la synthèse de 390 ATP par dégradation d’ une molécule de lipide.