La galectine-9 et la CXCL10 sont deux biomarqueurs sensibles et fiables pour distinguer poussée et rémission de la dermatomyosite juvénile

En 2014, une équipe néerlando-suisse avait montré, chez 25 patients atteints de dermatomyosite juvénile (DMJ), que les taux sériques de galectine-9 et de chimiokine 10 à motif C-X-C (CXCL10) semblaient augmenter de façon significative en cas de maladie active.

Cette hypothèse vient d’être confirmée par une étude internationale, à laquelle la France a participé. Ses résultats, publiés en mars 2019, valident le duo de biomarqueurs sur une population de 125 enfants (trois cohortes internationales transversales et une cohorte longitudinale locale) atteints de DMJ, de 50 adultes atteints de dermatomyosite (n=36) ou de myosite non spécifique (n=14) et de 61 patients atteints d’une autres maladie (lupus, sclérodermie, amyotrophie spinale proximale…).

Des arguments en faveur d’une adoption en pratique clinique

  • Chez les enfants atteints de DMJ, la galectine-9 et la CXCL10 ont fait mieux que la créatine kinase (CK) pour distinguer ceux dont la maladie était active et ceux en rémission. Leurs taux sériques ont diminué en cas de rémission et ce même sous traitement immunosuppresseur, indiquant alors une réponse thérapeutique.
  • Chez les enfants suivis de façon prospective, pendant près de 3 années (2,8 ans) en moyenne, un taux élevé en continu ou une augmentation des deux biomarqueurs s’est avéré prédictif d’une poussée à court terme (dans l’année) jusqu’à 7 mois avant que n’apparaissent ses symptômes, y compris en l’absence d’une élévation de la CK. La sensibilité et la spécificité dans la DMJ ont atteint respectivement 0,84 et 0,92 pour la galectine-9, 0,87 et 1 pour la CXCL10.
  • Ces biomarqueurs ont permis également de distinguer une maladie active d’une rémission chez les adultes atteints de dermatomyosite ou d’une autre myosite.
  • A contrario, les taux sériques de galectine-9 et de CXCL10 n’étaient pas corrélés à l’activité d’autres maladies musculaires ou inflammatoires.
  • Autre conclusion de l’étude, le dosage de ces deux biomarqueurs sur gouttes de sang séchées est suffisant.

L’implémentation de ce test peu invasif pourrait permettre de personnaliser davantage le traitement initial de la DMJ. En l’absence jusqu’ici de biomarqueurs objectifs et fiables, certains enfants risquaient en effet soit un sur-traitement, avec de potentiels effets indésirables superflus, soit un sous-traitement, avec d’éventuels dommages musculaires et cutanés liés à la dermatomyosite.

 

Correlation of CXCL10, tumor necrosis factor receptor type II, and galectin 9 with disease activity in juvenile dermatomyositis. Bellutti Enders F, Wijk F van, Scholman R, Hofer M, Prakken BJ, van Royen-Kerkhof A, de Jager W. Arthritis Rheumatol (Hoboken, NJ) 2014 August

Galectin-9 and CXCL10 as biomarkers for disease activity in juvenile dermatomyositis: a longitudinal cohort study and multi-cohort validation. Wienke J, Bellutti Enders F, Lim J, Mertens JS, van den Hoogen LL, Wijngaarde CA, Yeo JG, Meyer A, Otten HG, Fritsch-Stork RDE, Kamphuis SSM, Hoppenreijs EPAH, Armbrust W, van den Berg JM, Hissink Muller PCE, Tekstra J, Hoogendijk JE, Deakin CT, de Jager W, van Roon JAG, van der Pol WL, Nistala K, Pilkington C, de Visser M, Arkachaisri T, Radstake TRDJ, van der Kooi AJ, Nierkens S, Wedderburn LR, van Royen-Kerkhof A, van Wijk F. Arthritis Rheumatol. 2019 Mar 12.