L’actualité thérapeutique des CMT abordée lors des 23èmes Journées de la SFNP

Plusieurs pistes thérapeutiques en cours de développement dans la CMT présentées lors des 23èmes Journées de la Société Francophone du Nerf Périphérique.

Les 23èmes journées de la Société Francophone du Nerf Périphérique (SFNP) se sont déroulées le 8 et 9 février 2019, à l’Institut Pasteur de Paris. Elles ont réunis plus de 300 participants, professionnels de santé et chercheurs, travaillant dans le domaine des neuropathies périphériques  qu’elles soient d’origine génétique, immunitaires ou toxiques. La maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT) a été au cœur de ces journées. Plusieurs experts travaillant sur différentes formes de CMT ont exposé les résultats de leurs
recherches.

Des molécules innovantes issues de la recherche fondamentale

Dans la maladie de Charcot-Marie-Tooth, ce sont les cellules des nerfs périphériques qui sont atteintes : les cellules nerveuses elles-mêmes et les cellules de Schwann, qui les protègent. Si l’un ou l’autre de ces cellules fonctionnent moins bien, le message nerveux est ralenti, entrainant des troubles moteurs et sensoriels. En identifiant les perturbations présentes dans ces cellules chez des personnes atteintes de CMT, il est possible de repérer des cibles thérapeutiques potentielles.

  • Le PXT 3003 est un candidat-médicament développé par la société Pharnext pour cibler les anomalies nerveuses observées dans la CMT1A. Il a fait l’objet de 2 essais cliniques auprès de personnes atteintes de CMT1A, dont un essai international de phase 3 sur plus de 300 patients. Le Pr Shahram Attarian, coordinateur de cet essai pour la France a présenté pour la première fois dans le cadre d’un congrès médical les résultats préliminaires de cet essai, précédemment annoncés par communiqué de presse. Pharnext compte déposer un dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis et en Europe.
  • L’IFB-088 est développé par la société Inflectis Bioscience, avec le soutien de l’AFM-Téléthon. Il agit sur le processus de myélinisation des cellules de Schwann. Des travaux sur la souris ou le rat modèle de CMT1B et CMT1A ont montré son potentiel thérapeutique. Un essai de phase I, sur des volontaires sains, est en cours à Marseille.
  • Le KN-93 inhibe spécifiquement une protéine dérégulée dans la CMTX1, la CaMKII ou calmodulin-dependent protein kinase II. Des travaux préliminaires sur des souris CMTX1 ont permis au KN-93 de recevoir la désignation de médicament orphelin de la commission européenne.
  • Les inhibiteurs de HDAC6 (inhibiteurs de l’histone déacétylase HDAC6) agissent au niveau de l’axone des cellules nerveuses. Les études en laboratoire ont démontré leur capacité à améliorer la motricité des souris atteintes de CMT2D et CMT2F. S’il n’y a pas d’essais cliniques prévus pour le moment dans la CMT, ces molécules sont déjà évaluées chez l’homme comme traitement potentiel de certains cancers.

La thérapie génique dans la CMT1A

Nicolas Tricaud, de l’Institut des neurosciences de Montpellier, a présenté ses travaux de thérapie génique dans la CMT1A. Son équipe a mis au point un « ARN-médicament » qui cible PMP22 : cette protéine, indispensable à la myéline, est produite en excès en cas de CMT1A. L’objectif est donc de diminuer la production de PMP22, tout en en conservant suffisamment pour le bon fonctionnement de la myéline (ni trop, ni trop peu).