Maladie de Pompe : Une journée riche d’enseignements !

Le 30 mars 2018, près de 70 experts se sont réunis à l’Institut Imagine (Paris) pour la huitième édition de la Journée Française Maladie de Pompe.

Médecins, chercheurs et représentants de patients ont pu partager les avancées des connaissances et de la recherche durant l’année écoulée, avec un large focus sur la forme infantile de la maladie de Pompe. Elle touche parfois les enfants dès leurs premiers jours de vie. Depuis 2006, ils peuvent recevoir un traitement par algucosidase alfa (Myozyme®), une enzyme fabriquée par génie génétique semblable à l’alpha-glucosidase acide (ou GAA) naturelle, déficitaire dans la maladie de Pompe.

Des progrès, et quelques interrogations
Cette enzymothérapie substitutive a radicalement transformé l’espérance de vie des enfants atteints, comme l’ont illustré lors de cette journée du 30 mars plusieurs cas cliniques et une revue des articles parus en 2017 sur le sujet.

  • Des études menées dans différents pays montrent que les meilleurs résultats sont obtenus pour les enfants traités les plus tôt. Un traitement très précoce est facilité par la mise en place d’une recherche systématique de la maladie à la naissance (dépistage néonatal), comme c’est déjà le cas à Taïwan et dans certains états américains.
    Une telle stratégie amène cependant à diagnostiquer la maladie chez des nouveau-nés qui n’en développeront des symptômes que bien des années plus tard, or les médecins ne savent pas encore prévoir avec précision à quel âge ils apparaitront.
  • D’autres questions demeurent, notamment sur l’évolution à long terme des enfants traités, ou encore sur la dose optimale d’alglucosidade alfa à utiliser en cas d’efficacité initiale insuffisante.
  • Les adultes atteints d’une maladie de Pompe peuvent bénéficier de ce même médicament. C’est le cas de 75% des 188 adultes recensés par le registre Français de la maladie de Pompe, créé en 2004 par le Pr Pascal Laforêt (Hôpital Raymond-Poincaré, Garches). L’enzymothérapie semble globalement ralentir l’évolution de leur maladie, même s’il existe une grande variabilité d’une personne à l’autre. Les paramètres qui conditionnent l’efficacité plus ou moins importante du traitement restent à déterminer.

L’ordonnance de demain
Dans l’attente, de nombreux essais cliniques s’attachent à faire progresser la prise en charge à tout âge. Le site Clinicaltrials.gov en recense à ce jour 33 dans le monde, dont une dizaine porte sur des traitements en développement.

  • Le NéoGAA, une enzymothérapie développée à partir de l’aglucosidase alfa pour en augmenter l’efficacité, en fait partie. Son efficacité est actuellement évaluée par deux essais cliniques internationaux, COMET et MiniCOMET, auxquels la France participe.
  • Une autre piste de traitement consiste à utiliser une variété d’oligonucléotides anti-sens (tricyclo-ADN) pour rétablir une fabrication suffisante de GAA en agissant sur les ARN messagers du gène qui code cette enzyme. Les résultats sur les cellules de personnes malades et chez la souris non atteinte de la maladie sont prometteurs. Un premier pas vers un futur essai dans l’espèce humaine devrait être franchi en décembre prochain, avec le lancement annoncé d’une étude préliminaire destinée à définir les critères les plus pertinents pour évaluer ce nouveau traitement dans la maladie de Pompe.
  • Un essai clinique est également envisagé, à terme, pour la thérapie génique développée à Généthon par l’équipe de Federico Mingozzi. Elle vise à apporter au foie une copie normale du gène défaillant dans la maladie de Pompe, afin de lui faire produire puis secréter dans le sang du GAA, à destination des autres organes.