Anti-myostatines : une efficacité dépendante de l’importance de l’atteinte musculaire

L’équipe de J. Dumonceaux montre que les anti-myostatines sont efficaces s’il existe un minimum de myostatine.

Les anti-myostatines sont des composés qui, comme leur nom l’indique, inhibent la voie de signalisation de la myostatine, une protéine sécrétée par le muscle qui inhibe naturellement la croissance musculaire. Plusieurs pistes thérapeutiques visant à augmenter la masse musculaire et ciblant la myostatine sont à l’étude. Elles ont donné jusqu’à présent des résultats d’essais cliniques peu concluants.

L’équipe de J. Dumonceaux (Londres, Royaume-Uni) a étudié, dans le sang et dans des biopsies musculaires de patients atteints de différentes maladies neuromusculaires, la quantité de myostatine, et de différentes molécules impliquées dans la voie de signalisation de la myostatine.

  • Les résultats de cette étude, qui ont également été présenté au 22ème Congrès international de la World Muscle Society (Saint-Malo, 3-7 octobre 2017), ont montré que plus l’atrophie musculaire est importante, comme dans la myopathie de Duchenne ou l’amyotrophie spinale proximale liée à SMN1, moins il y a de myostatine, ce qui pourrait expliquer pourquoi les traitements anti-myostatine sont peu efficaces.

 

Atrophie musculaire  Taux de myostatine
(dans le sang et dans le muscle)
 Myopathie de Duchenne (DMD)  ++  —
 Amyotrophie spinale proximale liée à SMN1 (SMA)  ++  —
 Myopathie de Becker (BMD)  +  +
 Myopathie facio-scapulo-humérale (FSH)  +  +
 Myosite à inclusion (IBM)  +  +
 Myasthénie auto-immune  –
(Pas d’atrophie)
 ++
(Normal)

 

 

  • Les auteurs ont également observé que la souris modèle de myopathie myotubulaire qui n’exprime pas de myotubularine et qui présente une atrophie musculaire généralisée exprime très peu de myostatine. Un traitement par anti-myostatine chez cette souris modèle n’a donc pas permis d’augmenter la masse musculaire de la souris.
    En revanche, l’apport préalable du gène de la myotubularine par thérapie génique à ces souris déficientes en myotubularine augmente leur masse musculaire et restaure l’expression de la myostatine, rendant ces souris sensibles à un traitement par anti-myostatine qui augmente encore plus leur masse musculaire.

Les auteurs soulignent ainsi l’importance de mesurer le taux de myostatine des patients avant de débuter un essai clinique avec des anti-myostatines.

Downregulation of myostatin pathway in neuromuscular diseases may explain challenges of anti-myostatin therapeutic approaches.Mariot V, Joubert R, Hourdé C, Féasson L, Hanna M, Muntoni F, Maisonobe T, Servais L, Bogni C, Le Panse R, Benvensite O, Stojkovic T, Machado PM, Voit T, Buj-Bello A, Dumonceaux J.Nat Commun., 2017 (Nov)